trying to be nice (keito/maria)

Petit chaperon rouge dans les rues de Kyoto, un panier de fruit et de biscuit à la main. Elle ne rend pas visite à mère-grand, mais elle cherche un restaurant. Sa mémoire n'est pas mauvaise et au bout de quelques minutes elle pousse la porte d'un établissement. « - Bonsoir. » Un serveur relève la tête. « - Bienvenue, nous sommes sur le point de fermé Mademoiselle. » Elle fronce un peu les sourcils, évidemment qu'ils sont sur le point de fermé. « - Je cherche un garçon qui travaille ici. Il m'a aidé mercredi dernier. Je voulais le remercier. » L'homme semble réfléchir. Consulte un carnet et finit par sortir un nom. « - Murasaki Keito ? Il ne travaille pas aujourd'hui. Vous voulez laisser ça ici ?  » Elle fronce les sourcils, un peu embêté. Elle n'a jamais eut très confiance vis-à-vis des humains. « - Je préférerais lui remettre en main propre, s'il vous plaît. » Un sourire de son interlocuteur, il ne semble pas se méfier d'elle. Heureusement, Maria a toujours détesté devoir négocier longtemps. « - Je peux vous donner son adresse si vous voulez, Mademoiselle. »  Cette fois-ci la rousse ne peut retenir une réaction plus enthousiaste : « - Ce serait très aimable, merci. » Encore une poignée de minutes plus tard et elle prenait la route d'un autre quartier, plus loin dans Kyoto... moins peuplé. Son regard curieux se posait sur les habitations. Le petit chaperon rouge qui était habitué au luxe et à la richesse découvrait un autre monde. Un petit papier en main, elle scrutait avec intentions les noms de rue et leur numéro. C'était tellement étrange de se retrouver ainsi au milieu d'humain... étrange et inquiétant aussi l'idée que l'un d'entre-eux puisse lui vouloir du mal était logé dans un coin de son esprit.

Finalement son chemin s'arrêta devant un ensemble d'appartement. D'une démarche plus assurée, elle se mit à monter les marches, cherchant le bon numéro. Son regard se promena sur la structure. Des gens vivaient ici. Pourquoi des gens vivaient-ils ici ? Cela lui semblait particulièrement vétuste et désagréable. L'odeur des poubelles prenaient d'assaut son odorat sensible. « - Bon sang... mais comment quelqu'un peut vivre ici. » Rassemblant ce qui lui semblait être tout son courage elle avança vers la porte. Un bref instant elle lui accorda un regard prudent. Devait-elle mettre des gants pour y frapper ? Elle ne risquait pas d'attraper de bactérie humaine normalement... n'est-ce pas ? Répriment un certain dégoût pour l'endroit, elle frappa contre la porte. Soit polie surtout, c'est un humain, pas un monstre... tu as sûrement dut lui faire peur la dernière fois Maria... les recommandation de son frère lui revinrent en tête. Être polie surtout. La politesse chez les humains et les vampires ne devaient pas être si différente. Lorsqu'elle entendit le déclic familier de la serrure, Maria posa son sourire les plus aimable possible sur son visage et tendis son panier. Un ensemble de biscuit et de fruit y était élégamment disposé. « - Bonsoir. Tu m'es venu en aide l'autre soir et je n'ai pas put te remercier comme je le devais. J'espère que tu aimes les fruits et les biscuits. » C'était polie n'est-ce pas ? Nul doute que Masato serait fier d'elle... oui, il ne pouvait être que fier de sa grande sœur et de ses efforts.

Comme chaque début de soirée, j'étais allé faire un tour dans notre quartier général pour récupérer la fameuse liste qui nous donnait à nous, hunter, un sens à notre vie. Hélas, la nuit dernière avait dû être terriblement calme puisque aucune liste me fut attribué. Énervé, je tapais du poing sur le comptoir sous le regard effrayé de mon collègue tandis que je lui lançais un regard assassin. Je détestais passer mes nuits à ne rien faire. J'étais né pour tuer ces sangsues, c'était ma raison d'être et sans cette activité, je me sentais terriblement vide ; un vide que je pouvais que combler avec de l'alcool et cela depuis quelques années maintenant.
De retour chez moi, j'écartais les cadavres de bouteille en verre du pied avant de me déchausser. C'était vraiment le bordel ici. J'aurais pu rentabiliser mon temps à faire un peu de ménage mais un fond de whisky m'attendait sagement sur le plan de travaille, ce dernier lui aussi encombré par des bouteilles d'alcool vides. Un verre à la main, je ne prit pas le temps de le couper, à quoi bon, cela gâchait la puissance du goût quand bien même il s'agissait d'alcool bon marché, cela n'en demeurait pas moins du whisky. Ce fut affalé sur mon futon à moitié déplié que je m’abreuvais face à un film piraté sur mon ordinateur. Intérieurement, je pestais, en colère contre ces monstres. Cette situation me révoltait, je détestais ce sentiment d'attente perpétuel. J'avais l'impression d'être dans un purgatoire, le maître de ces lieux, à encore une fois attendre sagement que quelque chose se passe pour frapper du glaive de la « justice » le fléau de ce monde. A cette idée, un rire jaune m'échappait. Horribles créatures nocturnes. L'idée plaisante que leurs âmes maudites se consument pour l'éternité dans l'enfer incandescent des abysses du monde céleste -si ce dernier existait, évidemment- me faisait sourire. Je ne leur souhaitais que du malheur. Qu'ils expient leur crime, celui d'être apparu sur cette terre. Pour moi, ils étaient tous mauvais. Certains avaient beau se cacher derrière une soit disant trêve, d'autres ne se gênaient pas pour les discréditer, s'abandonnant à leurs instincts primitifs. J'étais persuadé que ceux même qui se donnaient de grands airs utilisaient leur argent pour dissimuler leur crime, les mêmes que ceux qui n'avait pas assez à offrir aux quelques humains cupides qui vendaient leur sang à ces êtres répugnants. Cependant, sans preuve, il était difficile de le prouver.

Plus les heures défilaient et plus l'alcool me montait à la tête, retournant mon cerveau dans tous les sens pour comprendre ces erreurs de la nature. Elles étaient si tordues que toutes mes hypothèses farfelues donnaient sens dans mon esprit. Mais alors que je continuais à m'abrutir et me conforter dans mes idées, je fus dérangé par un bruit qui semblait venir de derrière la porte d'entrée.
Je me levais avec beaucoup de mal, renversant quelques bouteilles vides sur mon passage. C'est que mon apparemment en était remplie. Drôle de décoration, mais au moins, le verre aidait à camoufler les traces d'humidité qui avaient commencé a habiller le pied des murs de mon ridicule appartement. L'alcool avait décidément fait plus d'effet qu'escompté puisque ma vue se troublait par moment, me faisant chanceler jusqu'à la porte où je me retins de m'effondrer. Déverrouillant cette dernière, je l'entrouvrais pour voir qui osait déranger les théories farfelues de mon esprit : une rouquine. Fronçant les sourcils, tentant de me focaliser sur cette étrangère tandis qu'elle m'offrait un baratin que je ne comprenais pas tout de suite. Je clignais des yeux, la dévisageant avec dédain, mon regard descendant jusqu'au panier qu'elle me tentait. Putain de merde ! Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je compris enfin de qui il s'agissait alors que je lui fermais brusquement la porte au nez pour m'avachir  le dos contre cette dernier. Merde merde merde merde ! Un vampire... Derrière la porte ! Mon rythme cardiaque s'accélérait. Comment avait-elle fait pour me retrouver ? C'était quoi ça ? Une corbeille de fruit ? Elle était sérieuse ? Poussé par l'adrénaline qui alimentait mon cerveau, je m'empressais d'aller chercher mon arme, manquant de tomber encore une fois sur le lit de bouteille vide. Dans ma course, un vacarme se faisait entendre probablement même derrière cette porte. Mon arme en main, je retournais à cette derrière pour l'ouvrir en grand, pointant mon arme sur la tête de la rouquine tandis que mon autre main se tendait pour lui demander silencieusement le présent. « Kestu m'veux !? M-monstre ! » Bégayais-je à l'aide de ma voix grave. Dans cette dernière, on pouvait aisément sentir le manque d'assurance.

La porte s’ouvrit, elle reconnu le visage et… la porte se ferma aussi sec. Maria cligna les yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Non… Sérieusement ? Il avait ouvert et claqué. Elle était venu avec des gâteaux ! Non… Elle avait FAIT des gâteaux. Ses mains délicates étaient partie à la recherche d’une recette roumaine faites par les humains et elle s’était échiné à suivre une recette à la lettre pour obtenir quelque chose de bon pour un humain. Est-ce que ce mufle avait la moindre idée du nombre de tentative qu’il lui avait fallut pour obtenir un tel résultat ? Avait-il idée de la difficulté que pouvait représenter l’exécution d’un plat ? (Surement puisqu’il travaillait dans un restaurant, mais la jeune vampire était bien trop outrée pour se faire cette réflexion). Sois gentille… Masato allait l’entendre en rentrant. Être gentil avec les humains n’apportaient rien, ils étaient rustre et stupide, il n’avait aucune éducation et… et il lui pointait sérieusement une arme sur le front ? Perdu dans ses pensées, Maria n’avait pas vu la porte se rouvrir et faisait maintenant face à une arbalète brandit avec une conviction pour le moins vacillante. « - Kestu m’veux ? M-monstre. » Prise au dépourvu par tant d’éloquence, la jeune vampire ne trouva guère mieux que brandir son panier et de déclarer un peu bêtement : « - J’ai fait des gâteau. Ils sentent bon. » Enfin… elle ne pouvait pas vraiment en sentir l’odeur. L’endroit empestait l’alcool et la cigarette. Un enfer olfactif… et lui semblait déjà bien atteint par l’alcool. Un bref instant elle se fit la réflexion qu’elle pourrait le désarmée d’un geste. Et puis… subitement une autre chose la frappa. Monstre. Il l’avait qualifier de Monstre… et il était armée. L’horreur de la situation lui sauta au visage. « - Un … hunter ? »

Elle devait faire demi-tour. C’était un piège mortel. Il allait la tuer. Elle en était persuadée. Ils étaient tous des meurtrier. Sois gentille… Maudit petit frère. Si elle fuyait maintenant elle n’allait pas arrêter d’en entendre parler, en revanche si elle donnait une chance à un tueur… D’un geste souple elle tendit une main vers son bras. Elle était rapide, elle avait toute ses pensée et n’était pas imbibé d’alcool. Une simple torsion pour lui faire lâcher l’arbalète. Pas trop fort pour ne pas lui casser le poignet. « - Non mais ça ne va pas ! Je viens avec des gâteaux et des fruits ! Je suis gentille ! C’est vrais ! J’ai fais des essaies pendant toute une semaine jusqu’à obtenir une bonne odeur tout ça parce que mon frère pensait que c’était une bonne idée de vous remercier. Alors vous allez me laisser entrer et accepter ce panier. Vous allez goûter un biscuit roumain, me dire qu’ils sont bon puis nous reprendrons chacun notre vie ! Parce que moi non plus je n’est pas envie de passer la soirée avec un assassin ! » Elle avait parler d’une voix ferme, autoritaire. Maria n’avait pas pour habitude qu’on lui tienne tête. Elle avait dit qu’elle remercierait et offrirait à manger au jeune homme de la dernière fois, alors elle s’y tiendrait… et puisqu’il était déterminé à être grossier elle le serait aussi. Avec un aplomb tout à fait personnel, la jeune femme pénétra dans l’appartement. Elle posa dessus un regard circonspect. « - Mais… Vous vivez réellement dans ce taudis ? Comment faites-vous ? » Ses yeux se posèrent sur les cadavre de bouteille qui s’étalait au sol. Prudemment elle déposa le panier sur une table basse. « - Goutez un gâteau. De toute façon vous avez trop bu pour être une menace pour moi. Alors prenez un biscuit et nous auront vite terminé cette soirée. »

A entendre ce monstre assoiffé de sang me proposer ses gâteaux, je grimaçais. C'était quoi cette histoire encore ? Elle était sérieuse ? Un sourcil arquait, je la dévisageais avec méprit. Avait-elle mi du poison dans ces foutu gâteaux ? Était-ce une nouvelle tactique d'attaque ? Tarés comme ils étaient c'était bien possible ! Je restais sur mes gardes malgré l'alcool qui me montait à la tête, m'obligeant à me retenir à l'aide de ma main libre contre la porte. Les yeux plissés, je tentais de me concentrer sur ma cible. Même si je n'étais clairement pas en état, à cette distance, il m'était impossible de rater l'occasion de soulager de monde de la présence de la rouquine qui semblait enfin avoir compris ma nature. A nouveau, un sourcil s'arquait, la félicitant sarcastiquement dans ma tête d'avoir trouvé toute seule, comme une grande. Cependant, cette dernière ne semblait pas plus dérouté que cela puisque quelques instant plus tard, elle osa me désarmer, preuve que ce soir, je n'étais pas une grande menace pour elle. Je sentais d'ailleurs le rose mon monter aux joues, honteux de m'être fait avoir aussi facilement. En temps normal, elle aurait couru pour que je ne lui troue pas la peau ou lui arrache un membre juste pour le plaisir de voir ce genre de créature ramper mais là, c'était moi qui était à sa merci et elle semblait bien l'avoir compris. Son ton autoritaire me fit écarquiller les yeux et me redresser alors que j'écoutais tous ses reproches. Un sourire mesquin étirait même la commissure droite de mes lèvres. C'était quoi cette vampire ? Depuis quand ils faisaient eux-même la cuisine ? Devrais-je lui dire ô combien je me sentais honoré qu'une telle personnalité daigne salir ses jolies quenottes pour moi ? Devrais-je lui dire « votre altesse » aussi ?! Je grimaçais sarcastiquement à cette idée, me moquant mentalement d'elle alors que je peinais à me retourner pour la suivre. « Fais c-comme chez toi, Princesse. » Osais-je quand même lui balancer, faisant part à la demoiselle d'une partie de mon sarcasme, un petit sourire victorieux pendu à mes lèvres alors que j'étais fier de ne pas trop avoir bégayé.

Une fois que la créature nocturne avait osée pénétré dans mon antre, je claquais la porte, la suivant la pièce principale en traînant des pieds, le bruit des bouteilles de verre qui s'entrechoquaient accompagnait mes pas. « S't'es pas con-contente... » Je marquais une pause alors que je titubais, me rattrapant de justesse au plan de travail du côté qui me servait de cuisine. Je levais mon bras, ce dernier me paraissant peser une tonne alors que mon indexe pointait faiblement la porte d'entrée. « … casse toi... » Concluais-je en serrant les dents tandis que mon bras tombait lourdement le long de mon corps. Je sentais monter en moi une bouffée de chaleur, cette dernière dû au stresse que ce monstre me faisait ressentir. Mon arme s'était perdue dans l'entrée et je me retrouvais sans défense devant ce monstre assoiffé de sang. Un vampire connaissait mon adresse et qui plus est, il s'était invité, sans mon autorisation ! Vu de l'extérieur, je faisais tout pour paraître serein cependant, mentalement, je me préparais à tout éventualité, profitant même d'être proche des couteaux pour en prendre un que je glissais sous ma manche. Contre un vampire, je n'avais aucune chance, surtout pas avec mon couteau mais en cas d'attaque, je pourrais éventuellement la surprendre pour enfin tenter de prendre la fuite. Le stresse commençait cependant à monter. Elle savait que je ne ferais pas long feu, elle s'était même amusé à le relever. La rouquine prenait-elle plaisir à me torturer de la sorte ? Et c'était quoi son problème avec ces foutus gâteaux ? Je serrais les dents, inspirant et expirant fortement pour enfin me décider à bouger, mon poing droit serrait le manche du couteau. Arrivé au niveau du frigo, je l'ouvrais, dévoilant à mon invité une collection impressionnante de bouteilles de bière. C'était d'ailleurs tout ce qu'il y avait, à croire que je me nourrissait d'alcool. Pour paraître décontracté, j'en prenais une sans même en proposer à l’intruse. Dans ma tête je me répétais inlassablement des ordres, gardant les pieds sur terre. Comment se détendre avec un monstre pareil dans mon minuscule appartement ?

Pourtant, je mimais presque l'acceptation, traînant à nouveau des pieds pour une nouvelle fois m’avachir sur mon futon qui faisait également office de canapé et me servait surtout à cacher les énormes marques de moisissure à côté de l'endroit où je m’abandonnais parfois dans les bras de Morphée. Une fois installé, je décapsulais ma bière, croisant mes jambes. Mes chaussettes noircit par la crasse que les bouteilles dissimulaient en disait long sur l'état du sol. Leur éclat était perdu depuis longtemps, la poussière ayant noircit l'emprunte de mon pied aidé par quelques autres saletés méconnaissable. Cependant, à en juger les paquets de chips ouverts sur la table basse et les miettes aux alentours, on pouvait deviner qu'il n'y avait pas que de la poussière. Ne lâchant pas le monstre des yeux, je grimaçais. Qu'est-ce qu'elle avait mit dans ces foutus gâteaux pour tenir à ce que je les mange ?

Un mouvement dans son dos et le claquement sec d’une porte. Elle était coincé avec un Hunter, ivre, certes, mais hunter quand même. Cette pensée lui glaçait le sang et elle espérait sincèrement réussir à sortir seule de cette brillante initiative. « - Fais c-comme chez toi, Princesse. » Elle se retourna vivement, le toisant un bref instant pour ce sarcasme. D’un autre côté elle n’avait rien contre l’idée d’être appeler ainsi. C’était mieux que monstre. Au sarcasme, elle décida de répondre par l’ironie : « - C’est fort aimable, mais je me vois dans l’obligation de décliner.»  Ses lèvres s’était à nouveau paré d’un sourire de convenance, plus que tout Maria voulait cacher la peur qui lui serrait le ventre. Si l’assassin pensait qu’elle maîtrisait la situation, peut-être aurait-elle une chance de sortir indemne de ce piège. Aussi le suivait-elle du regard, décortiquant le moindre de ses mouvement avec une attention toute particulière… et tant pis si elle donnait l’effet d’un prédateur guettant sa proie. Si il tentait quoique ce soit contre elle, elle se devait de réagir, quitte à faire partir en cendre cet endroit qu’il qualifiait d’appartement. Ceci dit le meurtrier semblait d’avantage désiré la voir partir et c’était un point rassurant : « - Si t’es pas con-contente… casse-toi… » Elle suivit du regard le doigt, il tremblait légèrement comme si l’alcool dans ses veines l’empêchait de tenir droit. En observant la pièce, Maria réalisa le nombre effarant de cadavre de bouteille, c’était encore pire à l’intérieur. Un être humain pouvait-il réellement boire autant ? Ses yeux allaient et venaient entre le chasseur et les bouteilles vides, il y avait un détresse chez cet humain à laquelle elle n’aurait pas pensé être sensible. Ceci-dit il était hors de question de s’apitoyer sur son sort. Une fois de plus l’ironie fut son moyen de réponse : « - Quel sens de l’hospitalité… à l’image de votre éloquence. N’avez-vous donc que de l’agressivité à me servir ? »

De toute évidence oui, le hunter maintenant silencieux venait de décapsuler une bouteille de pierre et la buvait assit en tailleurs sur ce qui devait être un futon. Si il ne mourrait pas d’un coma éthylique durant la nuit c’était une chance. Ceci dit, un assassin de moins ne pouvait pas non plus nuire à son espèce et ce n’était pas elle qui pleurerait sur son sort. Néanmoins elle avait prit un engagement auprès de Masato et comptait bien s’y tenir, dusse-t-elle lui enfoncer de force un mucenini dans le gosier. Elle sortit de sa poche un mouchoir écru brodé d’un M et d’un D rouge entrelacé. Délicatement elle attrapa une des petites brioche recouverte de noisette et l’y déposa. Maria doutait que le jeune Keito soit sensible au fait qu’elle salisse un mouchoir pour lui… mais elle doutait d’avantage qu’il y ait dans cette antre un semblant de vaisselle propre pouvant ressembler à une assiette. Aussi résolu-t-elle de lui tendre ainsi la pâtisserie. « - J’en goûterais bien un bout pour vous montrer qu’il sont inoffensif, néanmoins ma réaction à la nourriture risque d’être peu convaincante… aussi faisons appelle à votre logique, si vous en avez une. » Ce dont elle doutait fortement mais, après tout, elle n’était jamais à l’abris d’une surprise. « - Jusqu’à preuve du contraire j’ignorais que vous étiez un assassin. Je ne suis donc pas venu jusqu’ici au nom de la vengeance ou d’une quelconque rivalité entre nos deux espèces. Je pourrais être venu avec l’idée d’empoisonner un humain m’ayant sortit d’une situation épineuse, mais ce serait terriblement ingrat de ma part, de plus, si je convoitais le sang de cet humain pourquoi ne serais-je pas revenu attendre tout les soir à la sortie du restaurant ? » C’était un premier point. Elle marqua une courte pause pour s’assurer qu’il l’écoutait toujours. « - Enfin, si j’avais décider de me nourrir sur vous ce soir, pourquoi prendre le risque d’empoisonner votre sang avec des gâteaux ? Les pires intentions que vous pourriez me prêter serait de tenter de gagner la confiance d’un humain pour mieux le piéger ensuite, puisque vous êtes un assassin ces intentions sont désarmée d’avance. Ensuite j’ajouterais qu’en plus d’un siècle d’existence je n’ai jamais tuer personne, mais je doute que vous me fassiez confiance sur ce point. Maintenant prenez ce gâteau. »

Bien sûr elle ne pouvait nier que son acharnement à vouloir lui faire manger la brioche était sûrement inquiétant pour le chasseur… étrange au mieux… mais l’attitude de ce dernier avec transformer ce qui devait être une simple formalité en affaire personnelle et elle était déterminée, maintenant, à ne pas renoncer. Il mangerait un gâteau ou elle reviendrait le harceler toutes les nuits jusqu’à ce qu’il en prenne une bouché.

Je mimais une attitude décontracté, sirotant ma bière, attendant que cet énergumène me débarrasse enfin le plancher. Même si je semblait beaucoup plus inspiré par ma bouteille de bière, je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer du coin de l'oeil, priant mentalement pour qu'elle parte. Plus les minutes passaient et plus je serrais le manche du couteau de cuisine dissimulé dans ma manche jusqu'à avoir un mouvement de recule lorsque la vampire s'approchait de la table basse. Je la regardais, les yeux écarquillés. Je baissais ma main gauche, là où je tenais ma bière que je déposais sur le sol pour ne pas a renverser sous la surprise. Ce ne serait cependant pas la première fois que je renverserai de l'alcool sur le sol de cet appartement mais c'était bien la seule chose qui me pousserait à faire le ménage si cela devant arriver parce que oui ; l'alcool sec, ça collait au pied. Combien de fois avais-je dû perdre des chaussettes, ces dernières étant restées collées dans une flaque d'alcool sèche ?
Mon regard stupéfait fixait le monstre en face de moi. J'arquais un sourcil alors qu'il dérivait jusqu'à ses mains où je voyais sa maudite pâtisserie qu'elle me tendait. Je ne pus qu'échapper un rire jaune à sa plaidoirie. Pourquoi tant insister pour me faire manger à ses maudits gâteaux si ce n'était pas pour m’empoisonner et gagner ma confiance ? Mon regard se noircissait à mesure que la rouquine se justifiait. Tous ses arguments devaient m'appeler à la raison, vraiment ? Je grimaçais, dévoilant mes canines humaines alors que je me retenais de lui rire au visage. Sérieusement ? Elle croyait que j'allais gober ses âneries ? D'un mouvement étonnement rapide et précis pour mon état actuel, je sortais mon couteau de ma manche pour venir le planter dans le bois de ma table basse. Ce n'était pas la première fois que je faisais cela, les marques nombreuses qui cisaillait le bois en étaient la preuve. Mes dents se serraient tandis que je sentais mon sang taper contre mes tempes. Elle m'avait vraiment énervé, mon rythme cardiaque avait d'ailleurs entreprit une course folle. Si son Altesse n'avait pas encore remarqué la vitesse anormale de mon palpitant, cette fois-ci, elle ne pouvait plus l'ignorer.

Nerveusement, un nouveau rire jaune s'échappait de mes lèvres. « C'est ç-ça... o-oui... » Pestais-je, grimaçant de dégoût à la vue de cette abomination qui s'était invité dans mon antre. Mes dents grinçaient à mesure que je lui lançais des regards assassins. « J-j'v-vais p-pas t'féliciter. » Balançais-je entre deux de mes grincements. « S't-tu v-veux une mé... » Je m'arrêtais un instant, comme il m'arrivait trop souvent de faire lorsque je prenais trop régulièrement la parole pour enfin reprendre ma phrase. « médaille... s'pas ici ! » Cela devait paraître étrange à la vampire de voir un individu qui indéniablement était énervé mais qui butait parfois sur ses mots. Mieux que des mots, les actes allaient parler d'eux même. Rapidement, je m'empressais de me lever, traversant la pièce, marchant même sur ma table basse pour aller plus vite – pour vous dire à quel point je respectais mon lieu de vie et ce qu'il s'y trouvait – et enfin arriver au niveau de la rouquine. J'empoignais une touffe de ses cheveux avec violence, approchant son visage contre moi, ses lèvres contre mon cou. « Un monstre reste un monstre. » Déclarais-je avec une agressivité hors du commun. « T'as pas b-b'soin d'm'attendre l's-soir vu qu'tu sais où j'habite. » Têtu comme un âne, je refusais de voir les bonnes intentions qui pouvaient se cacher derrière l'intruse. Pour être certain qu'elle ne m'échappe pas, je la forçais à reculer, posant tout mon poids sur elle – c'est que dans mon état, ce n'était pas bien difficile de me reposer sur quelque chose de solide, ce qui m'évitait également de tomber – prenant également appuie contre le plan de travail de la cuisine, ce qui me permettait de bloquer le corps de la vampire. Ma poigne dans sa chevelure écarlate était toujours aussi ferme et traduisait ma détermination pourtant, mon rythme cardiaque et la sueur qui commençait à perler le long de mes tempes trahissaient mon angoisse. Je ne voulais pas être mordu, je ne voulais pas mourir mais apparemment – et comme c'était souvent le cas – l'alcool me faisait faire des choses dangereuses dont tester la soit disant gentille petite vampirette. « Vas y. » Ordonnais-je à la vampire d'un ton sec. « Mord moi. » Continuais-je. « Mord moi que j'puisse enfin m'déb-barrasser d'toi ! » Hurlais-je retenant encore sa tête contre ma jugulaire, ma tête levée pour lui laisser toute la place qu'elle voulait. Ma respiration se faisait courte, j'attendais le moment fatidique où je sentirai ses crocs se planter dans mes chairs. Je fermais les yeux, fronçant les sourcils. Je transpirais la peur et l'alcool, pouvait-elle le sentir?

Le battement d’un coeur qui s’accélérait. Elle n’y avait pas fait attention jusque là, mais ce son provenait du hunter. Il avait peur. Il était terrifié… ou alors c’était l’adrénaline. Elle le scrutait, essayant de percer à travers son attitude impassible. Deviner ce qu’il s’apprêtait à faire. Elle eut un sursaut de peur quand le couteau se planta dans la table. Il était armé. Quand ? Comment ? Avait-il d’autre objets dangereux sur lui ? Ces questions se bousculaient dans sa tête si bien qu’elle n’eut guère le temps de réagir quand il se releva et lui empoigna les cheveux. L’odeur d’alcool se fit plus forte, se mêlant à celle de la sueur alors qu’il l’immobilisait. De sa main il la forçait à entrer en contact avec sa gorge. Maria sentait son sang battre contre ses lèvres. Les mots du hunter lui faisait l’effet d’échos lointain, des son brouillé dont elle n’arrivait pas à percevoir le sens… Seul restait le battement de coeur qu’elle ressentait derrière cet épiderme. La circulation de ce sang à porter de croc. Peu à peu l’odeur de l’alcool s’éloignait aussi, ne laissant plus que celle de la peur et de la peau, de la vie qui palpitait à quelques millimètre d’elle. Les instincts de ses ancêtres revenaient, remontant dans son esprit comme si elle avait elle-même participé à ces festins sanglant d’un autre temps. Maria avait l’impression d’assister immobile à un spectacle morbide. Elle sentait sa bouche s’ouvrir, ses crocs caresser la peau chaude qui lui était offerte. Elle n’avait qu’un geste à faire, une toute petite pression et elle connaîtrait ce pourquoi ses ancêtres avaient tué… et pourtant.

Pourtant ça lui était impossible. Elle ne pouvait pas. C’était parce que des vampires ne dominaient pas cet instinct que certains hunter se sentaient légitime à le considérer comme des bêtes bonne à tuer. Ils étaient une part du problème et elle refusait de leur ressembler. Elle ne donnerait pas un prétexte supplémentaire à cet idiot de les traquer. D’un geste ferme elle referma sa main sur le poignet du hunter, concentrant toute la force du feu qu’elle pouvait contenir. Une brûlure profonde. Une douleur suffisamment vive pour qu’il s’en souvienne. Une marque pour qu’il n’oublie pas le monstre qu’il avait inutilement provoquer. Son autre main prit appuie sur le torse de son agresseur et elle le repoussa de toute sa forces d’immortelle pour l’éloigner. « - Si tu veux mourir c’est ton problème, mais n’y mêle pas ceux qui s’efforcent de maintenir une paix relative entre nos deux espèces. » Elle le toisa, le ton de sa voix était glacée, pourtant la peur avait réussit à s’y frayer un chemin. La peur de mourir, la peur de l’assassin en face d'elle la peur de l’appel du sang qu’elle venait de ressentir. « -Ucigaș ! » lâcha-t-elle revenant à son roumain natale sous l’effet de la colère. « - Maintenant j’en suis certaine, la seule personne ici qui peut se vanter de ne pas avoir de sang sur les mains c’est moi. Alors épargne-moi ton mépris, car le seul monstre que je vois dans cette pièce c’est toi, ucigaș ! »

Son regard balaya une fois de plus l’appartement, elle voulait sortir de là, s’enfuir, retrouver le confort de l’académie qui lui paraissait maintenant bien enviable. Néanmoins entre elle et la sortie se tenait maintenant le hunter et il venait de lui prouver que l’ivresse ne l’empêchait pas de posséder encore quelques réflexe. De plus l’arbalète était quelques part dans l’entrée et elle craignait fort que ce dernier ne lui tire dans le dos une fois la porte passé. Alors, fière, elle redressa la tête, plongeant son regard dans celui du jeune homme comme pour le défier de la provoquer à nouveau.

J'essayais d'être ferme, de montrer au monstre que j'avais attirer contre mon corps que j'étais en pleine possession de mes moyens, déterminé. Je voulais la tester, prouver que j'avais raison, que tous les vampires étaient des monstres qui ne répondaient qu'à leur instincts de foutu sangsue. Un instant, j’entrouvrais la bouche alors que je sentais ses canines caresser ma peau, ces dernière m'arrachant un frisson.S'en était fini de moi. Alors c'est ainsi que j'allais mourir ? Dans mon appartement, seul, vidé de mon sang ? Quand est-ce que l'on découvrirait mon cadavre ? Qui le découvrirait ? Ma propriétaire, probablement pour me demander encore mon mois de loyer en retard. A cette instant, je me sentis incroyablement seul. Père, Mère, j'arrive. Pensais-je alors que je m'autorisais à échapper une larme. Devais-je me sentir libéré ? Devais-je même sentir quelque chose ? Car, plus les secondes – qui me semblaient être une éternité – passaient, plus je m'étonnais de ne sentir que ses lèvres sur ma peau jusqu'à ce que... J'hurle de douleur.

La surprise m'envahit. Ce n'était pas mon cou qui me faisait atrocement mal mais mon poignet que j'avais rabattu contre mon torse, à côté de la demoiselle. Avant même de pouvoir constater les dégâts, je me sentis projeté en arrière, me rattrapant contre le mur alors que les bouteilles au sol me servirent à amortir ma chute. Une chance qu'elles ne se soient pas toutes brisées et que je me sois surtout rattrapé pour ne pas me blesser plus que je l'étais. Sous le choc, j'écoutais la donneuse de leçon. Bouche-bée par tant d'éloquence, je détournais peu à peu le regard. J'avais honte, terriblement honte. Je sentais mon sang bouillir en moi tandis que mes dents grinçaient. La douleur qui me lançait au niveau du poignet me faisait réaliser à quel point j'avais été stupide, me ramenant à la raison. Mon regard avait enfin atteint mon poignet qui m’inquiétait en vu de la douleur. Cette sorcière me l'avait brûler ?! J'écarquillais les yeux, réalisant qu'il ne s'agissait pas d'un simple monstre en face de moi et doucement, très doucement, mes dents se desserraient pour laisser mes mots, beaucoup plus calme et moins agressifs que précédemment franchir la barrière de mes lèvres. « Et combien de tes ancêtres ont tué les miens ? » Ma voix était beaucoup plus douce, plus calme aussi. Je parlais lentement pour ne pas bloquer sur les mots et lui donner une raison supplémentaire de se moquer de moi. Je continuais de fixer mon poignet, constatant l’ampleur des dégâts, grimaçant parfois de douleur. « Combien de villages humains ont-il... décimé ? Combien d'enfant ont-ils fait orphelin ? » Dans une ultime grimace, j'osais relever le regard vers elle. « Combien de vies vous avez détruit par égoïsme? » Je ricanais, amère. « Pour la survie ? La bonne blague, n'est-ce-pas ? »

Doucement, je tentais de me relever. Plus efficace qu'un électrochoc, l'intruse avait réussit à calmer momentanément ma rage. Une fois debout, j'avançais vers elle, pas pour me rapprocher d'elle mais plutôt parce que le robinet se trouvait à côté. Je l'actionnais pour y faire couler de l'eau glacée, passant mon poignet dessous non sans échapper une grimace suivi d'une plainte de douleur. « Vous, les nobles, vous êtes les pires. » Déclarais-je toujours aussi calmement en grimaçant. « Vous vous cachez derrière la trêve, vous voulez paraître droit, mais j'suis sûr que tu l'as senti... l'appel du sang. Tu t-te crois mieux qu-que moi ? Souviens toi de ce que tu as senti. J'suis pas débile, j'me doute que d'autres achètent le silence des humains et j'suis sûr que t-tu l'sais mieux qu'moi. Vous croyez que parce que vous êtes noble tout vous est dû ? Qu'on doit gentiment remuer la queue quand vous nous appelez pour nettoyer vos conneries ? » Je m'arrêtais un instant de parler, me tournant vers elle pour plonger mon regard dans le sien. « Combien de fois as-tu senti l'odeur du sang dans les couloirs de chez toi ? » J'esquissais un sourire, persuadé de ce que j'avançais. Si ce n'était pas chez elle, ce serait forcément ailleurs, lors d'une de ces soirées mondaines ridicules par exemple. « Garder le silence revient au même que d'abattre de tes mains un humain. Tu as beau n-ne pas avoir de sang sur les mains mais ta conscience d-doit être aussi rouge que les miennes au petit matin. » Je reportais mon attention sur mon poignet, bougeant mes doigts pour éviter qu'ils ne s'engourdissent. Elle ne m'avait pas loupé cette conne ! Et en plein sur l'un de mes tatouage en plus ! Ça serait difficile à expliquer à mon tatoueur, cependant, avec ce genre de marque, je pourrais me la raconter auprès des miens, me la jouer héros qui combat les méchants nobles. L'idée ne me déplaisait d'ailleurs pas, me faisant esquisser un sourire. « J'suppose que t'es pas v'nu juste pour me traiter d'meurtrier ni pour une minable corbeille de fuit alors accouche. Qu'est-ce qu-tu m'veux ? Papa à changer un humain en vampire et il est d-dev'nu fou ? »

Un bref instant de calme. Son hurlement raisonne encore dans ses oreilles. Elle ne peut retenir une grimace d’empathie. Oui, ça devait être douloureux. Malgré toute sa méfiance, malgré tout son mépris pour les chasseur, Maria n’avait jamais ressentit de plaisir à faire souffrir. Elle n’en voyait pas l’intérêt, trop souvent ceux qui souffre finissent par vouloir se venger et alors commençait l’escalade morbide. Pourtant la douleur semblait avoir eut l’effet recherché, car le mortel s’était calmer. Il parlait lentement, détachant chaque mot. C’est à cet instant que Maria remarqua qu’il ne bégayait pas en parlant, elle n’y avait pas fait attention jusque là. Elle n’eut guère le temps d’approfondir cette réflexion, que déjà il l’assenait d’une question douloureuse : « - Et combien de tes ancêtres ont tué les miens ? » Elle resta silencieuse, elle connaissait la réponse : beaucoup. C’était normal, la paix était récente et, à part ses parents, elle doutait fortement que le reste de sa lignée soit pacifique. Silencieuse elle le laissa poursuivre : « - Combien de villages humains ont-il... décimé ? Combien d'enfant ont-ils fait orphelin ? » Il dardait sur elle emplit d’une colère qui lui sembla aussi brûlante que les flammes qu’elle lui avait imposé. Il y avait une véritable haine qui couvait dans le coeur de ce garçon. Une haine qui ne lui rappelait que trop bien ce qu’elle était un siècle plus tôt. « - Combien de vies vous avez détruit par égoïsme? » Elle baissa la tête. Oui, certain d’entre eux était réellement des monstres, des créatures imbus de leur puissance, de leur éternité… oui il prenait un plaisir sadique à jouer avec les vies humaines. Mais pourquoi lui dire qu’ils n’étaient pas tous ainsi ? Pouvait-il seulement l’entendre ? « -Pour la survie ? La bonne blague, n'est-ce-pas ? » Il se releva et fit quelques pas vers elle, Maria ne put retenir un sursaut. Oui, elle le craignait. Il faisait partit de ces tueurs aveugle incapable de faire la différence entre un monstre et un être vivant. Immobile elle l’observait passer son poignet meurtrie sous l’eau froide, tout son corps tendu par cette proximité qu’elle espérait brève. « -Vous, les nobles, vous êtes les pires. » Il continuait sa tirade et elle l’écoutait attentivement. Grimaçant quand il mentionnait l’appel du sang. Bien sûr qu’elle l’avait ressentit, bien sûr qu’elle en avait eut envie… bien sûr qu’elle en avait encore envie… et finalement il revint avec tout son fiel. Comme si un membre de sa famille avait le pouvoir et la bêtise de transformer un humain en vampire.

Un soupir agacée franchit ses lèvres. « - Pourquoi ferais-je preuve d’une telle cruauté ? Personne au sein de ma famille ne désirerait voir un humain être transformer et lentement dégénérer en monstre pour ensuite se faire froidement abattre par des assassin comme vous. » Un nouveau soupir, son regard posé sur le poignet du jeune homme. Une nouvelle grimace, fugace. « - Pour répondre à ta question, je dirais beaucoup. Oui beaucoup de mes ancêtres ont dut tuer les tiens et nombre des tiens on tuer les miens. A ma connaissance il ne reste plus que ma mère et moi de ma lignée… enfin, il ne reste plus que moi portant ce sang. Personne ne gagne au jeu des massacres. Nos deux peuples se sont entretuer, nos deux peuples ont connus un nombre incalculable de pertes. » Elle releva la tête, un bref instant son regard se fit las. Trahissant l’âge de la créature. « - Mais je n’ai sentie qu’une seule fois le sang dans les couloirs de ma maison. Le sang de mon père que les tiens massacrait pendant que ma mère et moi prenions la fuite. » Son regard de jais se fit plus vague, plongeant dans des souvenirs qu’elle n’explorait que très rarement. « - Il y avait des meurtres sur notre territoires. Des corps privé de sang… Et nous étions la seule famille de vampire à vivre là connu des hunters. Certains n’ont pas chercher plus loin. Ils ont attaqué en nombre. Nous n’avions aucune chance. Mon père est mort pour nous empêcher d’être tuer… mais cela n’a pas arrêté les meurtres. Ils ont continué, jusqu’à ce que les tiens trouve un vampire solitaire qui avait élu domicile sur nos terres. Ils avaient tué en vain un être qui avait toujours oeuvré pour la paix en Transylvanie. Moi je me souviens surtout de la peur et des flammes… Le feu qui ravageait ce qui était ma maison. » Une fois de plus son regard plongea dans les yeux du jeune homme : « - Non, personne ne gagne au jeu des morts. J’ai apprit à ne pas vouloir me venger, car cette vengeance aurait créé de nouveaux orphelins, des êtres privé d’une part d’eux-même qui aurait peut être eux-mêmes céder à la tentation de tuer en réponse… et ainsi de suite indéfiniment. » La tristesse et la lassitude s’était mêlé dans sa voix, quoiqu’elle fasse, il lui semblait que seulement une poignée d’entre-eux était déterminé à mettre un termes à la violence. « - Oui… oui j’ai eut envie de ton sang. Bien sûr. Qu’espérais-tu d’autre en m’exhibant ainsi ta gorge ? Et oui, j’en ai toujours envie, mais je me bas contre mes instincts. Mes ancêtres n’en ont sûrement pas fait autant, beaucoup on dut tuer et certains même pour le plaisir. Je ne suis pas mes ancêtres, je ne connais pas leur crime et si je les connaissais j’en tirerais plus de honte que de fierté… Eussent-ils tuer des assassins comme toi. » Elle haussa les épaules, ne jugeant même pas nécessaire de répondre à sa dernière pique. « - Et non, il n’y a personne à tuer. J’étais venu te remercier sincèrement car mon petit frère pense que je dois apprendre à faire confiance aux mortels… tout ce que je vois c’est que j’ai raison de me méfier, les vôtres vivent trop peu de temps pour se débarrasser de leurs préjugés et comprendre la valeur de la paix. »

Ma tirade achevée, l'intruse semblait vouloir me répondre. Dans un premier temps, je grimaçais, amusé qu'elle me qualifie d'assassin. C'était vraiment l’hôpital qui se foutait de la charité. Je poursuivais mes premiers soins, l'écoutant d'une oreille. D'abord peu intéressé par ce qu'elle me racontait, j'eus tout à coup l'impression qu'elle et moi n'étions pas si différents. Je m'arrêtais de bouger, fixant mon poignet alors que j'imaginais sa douleur de n'être plus que l'unique survivante de sa lignée, avec sa mère bien entendu. Je déglutissais, son histoire me ramenant à la mienne à l'exception du fait qu'il ne restait plus que moi comme successeur de ma propre lignée. Je me pinçais les lèvres, contenant la douleur que je ressentais dans ma poitrine. J'avais enfin l'impression d'être compris. Frénétiquement, je secouais la tête. Non Keito, ce n'est pas vrai. Je serrais les dents à nouveau, refusant de croire à son histoire. Les vampires sont fourbes, on me l'as toujours dit. Tout chez eux est fait pour nous faire ressentir des sentiments agréables ou que l'on désir. Peut être qu'elle s'adonnait à ce genre de jeu pour tuer le temps ? Cela ressemblait bien à une activité de sangsue aristocrate. Je continuais pourtant à écouter son histoire, cette dernière poussant à l'empathie. Si j'avais été à sa place, j'aurais moi aussi haït les miens. Un instant je fermais les yeux pour tenter de contenir les larmes qui menaçaient de couler le long de mes joues. Sourcils froncés, dents et poings serrés, je me retenais comme je le pouvais. C'était fourbe de jouer avec les sentiments des humains mais les vampires étaient indéniablement les champions pour cela. Cependant, je pus retenir mes larmes bien que mes yeux rouges et humides trahissaient mes sentiments.

Je restais un instant ainsi, mon regard figé dans le sien à me retenir de lui prouver que son histoire m'avait touché, le poignet sous l'eau. Ma main libre se leva instinctivement pour se poser sur son épaule cependant, elle s'arrêta à mi-chemin. Je déglutissais, ma main se reculant, allant éteindre l'eau comme si c'était ce qui avait été prévu dès le début pour enfin revenir le long de mon corps. Je brisais le contact visuel qu'elle avait établie plus tôt, esquissant un sourire non pas amère mais amusé. « Ton frère est bien stu-stupide. Restez l-loin des humains... c'est la meilleure fa-façon d'éviter toute sorte d-de problème. » Concluais-je. J'avais indéniablement parlé trop vite, bloquant sur un nombre trop important de mot. Je lui tournais le dos pour me diriger une nouvelle fois vers le frigidaire, me servant à nouveau une bière pour retourner à ma place initiale. A nouveau avachie sur mon futon, je posais la nouvelle bouteille sur la table basse, juste à côté de mon couteau. Sa grande sœur toujours droite au sol m'attendait sagement et rapidement, comme si elle me l'avait demandé dans un murmure que seul ma personne pouvait entendre, je la vidais. « Vous ! » Commençais-je, ma voix ayant étrangement plus d'assurance. « Z'êtes les plus horribles monstres qu'y a sur s'te terre ! » J'avais descendu cette première bouteille de bière pour la soirée et probablement flingué trois de mes neurones avec. « Tout chez vous est fait pour nous plaire ! » Poursuivais-je. Mes mots ne semblaient plus avoir aucun rapport avec notre conversation précédemment qui se voulait beaucoup plus sérieuse. Maladroitement, j'attrapais la seconde bouteille pour l'ouvrir, buvant une gorgée. « Vos visages. » Continuais-je, buvant une seconde gorgée. « Vos voix. » Encore une gorgée. « Même vos mots. » Je ricanais, chancelant légèrement sur le côté. « Surtout vos mots... » Répétais-je, ma voix s'éteignant doucement. Mon visage se laissait déformer par la douleur que ma poitrine me faisait ressentir. Mon  regard remplie de détresse se levait vers cette créature de la nuit. « Si tu veux m'remercier, disparaît toi et tous les tiens. » Déclarais-je l'air grave tandis que je me laissais aller à quelques sanglots. « Rend moi mes parents... » Je savais que je ne m'adressais pas directement à la personne qui m'avait privé de ces derniers mais dans mon esprit, et surtout à l'heure actuelle, ils étaient tous coupables. J'échappais un rire amère. « T'peux pas faire ça, hein ? » Inconsciemment, je me balançais, biberonnant ma bouteille, la gardant près de moi. J'avais l'air médiocre mais je m'en fichais. Elle au moins, elle ne comptait pas.

Il eut un geste. Une main qui se levait. Instinctivement elle s’éloigna légèrement. Elle avait laissé trop d’émotion l'envahir pour réussir à cacher correctement sa crainte. Oui, il lui faisait peur. C’était un meurtrier, un être qui avait apprit à tuer quand on lui avait apprit à être pacifique. Malgré tout il y avait ce lien ténu, cette impression qu’une part de lui trouvait un écho en sa douleur. Malgré elle, Maria ne put s’empêcher de répondre à son sourire : « - Masato est un utopiste… il est persuadé que nos deux espèce peuvent marcher main dans la main vers un avenir radieux… » Une part d’elle admirait cet idéalisme bornée, cette certitude que mortel et vampire possédait un destin commun qui pouvait être dessiné dans la paix. Elle n’y croyait pas. Etrangement, comme le chasseur en face d’elle, elle considérait que le mieux à faire c’était de rester chacun de leur côté. Il avait retrouvé son bégaiement et la vampire se fit la remarque que cela aurait put être adorable, si il n’était pas dangereux meurtrier. Elle le suivait du regard alors qu’il s’emparait d’une nouvelle bière, la tension quittant doucement ses épaules à mesure que la distance s’agrandissait avec le chasseur. Un bref instant de calme et de répit qu’elle savourait. Peut être était-ce le moment de partir ? Il semblait suffisamment calmé pour ne pas la poursuivre… Peut être était-ce sa chance… « - Vous ! » … Trop tard. Il avait changé d’humeur, elle le sentait. Elle leva les yeux au ciel alors qu’il reprenait sa litanie sur les monstres. Retenant une pique d’ironie quand il mentionna que tout chez eux était fait pour plaire, se contentant de le dardé d’un regard las. Pourtant la conversation prit un autre tournant, plus dramatique, plus pitoyable. « -Rend moi mes parents... » et puis ce rire…« T'peux pas faire ça, hein ? » La lassitude changea, se mêla à une tristesse étrange. Non, elle ne pouvait pas. Tout comme lui ne pouvait pas lui rendre son père.

Doucement elle fit quelques pas vers lui. Prudente, craintive. Etait-ce une ruse ? Exploitait-il une faille ? Non… peut être pas. Il avait l’air sincère. Lentement elle s’accroupit à ses côté. « - Non. Je ne peux pas. Personne ne le peux. Tu vas vivre toute ta vie avec ce manque, avec la colère et le sentiment d’injustice. Ca ne passera jamais totalement. » Avec douceur elle leva une main, la posant sans aucune animosité sur celle du chasseur. « - Tout ce que tu peux faire c’est décider de comment tu vas vivre avec ça. En laissant ta rancoeur diriger ton existence, tout détruire ou en essayant de reconstruire. » Combien de fois était-elle passé par là ? Combien de fois ces même sentiment l’avait envahit ? Cette envie de se révolter, de prendre le monde entier en témoin de son malheur. « - Certains te diront que l’une des voies est bonne, l’autre mauvaise. C’est faux. C’est faux parce que tout système de valeur est relatif. Tout est absurde et n’a de sens que celui que l’on veut bien lui donné. Il n’y a pas plus de justice ou d’injustice dans la mort de tes parents ou de mon père. Ce sont juste des faits. A toi de voir comment tu veux vivre avec. » Une fois de plus elle posa son regard sans âge dans celui de l’humain. Contemplant un bref instant sa jeunesse, sa rage et sa douleur bouillonnante. Elle soupira un bref instant. Elle était vraiment entrain d’essayer de réconforter un chasseur ? C’était terriblement ridicule. « - Je vais m’en aller. Je n’aurais pas dut venir en premier lieu. C’était absurde. Je te laisse les gâteaux et les fruits. » Elle marqua une légère pause. « - Saches que tu n’es pas le seul à avoir eut peur ce soir… oui, tu es terrifiant. Tu es terrifiant parce que contrairement à moi tu as une rage de tuer. Parce que, contrairement à moi, on t’a apprit à massacrer mes semblables. Parce que, quoique tu en pense, tu es un tueur. Pas moi. Je n’ai jamais prit une vie et ce soir c’était la première fois que je faisais du mal à un mortel. Et je m’en veux. Alors, Murasaki Keito, la prochaine fois, réfléchis bien avant de qualifier un de mes semblables de monstre. Enfant tu avais peut être peur que quelqu’un comme moi viennent prendre ton sang dans ton sommeil, moi j’avais peur que quelqu’un comme toi vienne m’égorger pendant le mien. Si je suis ton monstre, ceux de ton espèce sont sans conteste les miens. » Puis lentement, elle commença à retirer sa main de celle du jeune homme.

Je me laissais totalement aller, m'abandonnant dans ma solitude qui avait commencé à me ronger depuis que ma tante m'avait prit avec elle, sous son toit. J'avais espéré durant plusieurs années voir l'ombre de ma mère. L'annonce de sa disparition était le seul espoir qui maintenait l'enfant que j'avais été à revoir sa mère mais plus les années avaient passé, plus je me confortais dans l'idée qu'elle aussi avait périt cette nuit-là. Lorsque je l'eus totalement accepté, j'avais enfin retrouvé la parole avec ce foutu handicap. Je me maudissais, je les maudissais et cela, rien ne pouvait le changer. Rien ? Non, rien, même pas les mots de ce vampire. Tout comme moi elle était impuissante. Ses mots emprunts d'une vérité certaine me transperçaient le cœur, me le déchirait alors que mes sanglots se faisaient plus bruyant. Un hunter qui montrait ses faiblesses si ouvertement à son ennemi, n'était-ce pas risible cela aussi ? Mais à qui d'autre pouvais-je les montrer ? A ma cousine ?  Madame perfection qui aurait utilisé cette dernière pour me conforter dans mes actes ou alors me rabaisser comme elle le faisait si maladroitement ?
Je sentais quelque chose de froid sur ma main droite. C'était celle du vampire. Ces créatures étaient décidemment aussi glacées que ce qu'on pouvait raconter, vivantes ou mortes. Cependant, ses mots aussi froid que le marbre – tout comme sa peau – se dirigeaient droit dans ma poitrine. Mes yeux humides la regardaient, se noyaient dans son regard de poupée tout en les buvant. Disait-elle au moins la vérité ? J'avais envie d'y croire, probablement parce que le sentiment de solitude qui m'avait envahit ne me quitterait pas pour la nuit. Je devrais une nouvelle fois la combler par l'alcool, comme j'avais si bien commencé. Je sentais sur ma main la douce caresse de marbre de la sienne. Rapidement, je brisais notre contact oculaire vers cette dernière. Elle allait partir, comme je l'avais souhaité plus tôt. Avais-je seulement envie qu'elle parte maintenant ? D'un geste brusque, je lui attrapais le poignet pour la tirer vers moi. Encore une fois, je retenais ce vampire, jouant – bien malgré moi pour cette fois – avec le feu. « N-non... » Marmonnais-je. Mon bras blessé venais une nouvelle fois ce noyer dans sa chevelure pourpre. « M'abandonne p-pas... » Murmurais-je alors que je noyais mon nez dans le creux de son cou. « Me laisse pas... » J'allais évidemment regretter mes mots au petit matin, si je m'en souvenais, évidemment. A présent, je tenais ce vampire prisonnier de mon étreinte, à moitié avachie sur mes genoux.

Ma main qui l'avait attiré à moi lâcha son poignet pour se poser sur sa taille et être certain qu'elle ne m'échapperait pas. Je fermais les yeux, grimaçant de douleur, je continuais mes sanglots contre elle, me servant de ce contact comme d'un exutoire. J'avais besoin d'elle, maintenant, de ses mots justes, de chaleur. Et c'était bien ironique de penser que j'en trouverai avec un vampire. Cependant, son contact, ses aveux – si ces derniers étaient vrais – m'avaient touché.
Doucement, je me détachais d'elle, lui offrant le spectacle de mon visage déformé par la peine. De nouveau, je lui pris le poignet, l'attirant contre ma poitrine pour lui faire sentir mon palpitant. Mon regard cherchait le sien. « J-j'suis pas... un mon-monstre... J-te f'rai pas d'mal...» Disais-je pour accompagner mon geste, détournant le regard. « O-oui... j'vous tue. » Poursuivais-je. « Mais j'tue que ceux sur la li-liste. » Je marquais encore une pause, ma main qui lui avait intimé ce contact se serrait douloureusement sur la sienne. « J'ai pas le d-droit... sans pr-preuve... sans la li-liste... de vous blé-blesser... » Parce que c'était ainsi, les vampires ne devaient pas faire de mal aux humains tandis que les hunters, à moins d'avoir à faire à un déviant ne pouvait pas tuer les vampires. La loi était faite ainsi, protégeant les plus puissants.
Mon bras blessé quant à lui descendait de sa chevelure pour se poser sur son dos, l'installant bien malgré elle dans mes bras. « M-mais tu m'as bl-blessé... » Poursuivais-je. Selon la loi, j'étais aussi en droit de me défendre. « Pr-prend tes responsabilités... » Un sourire en coin se dessinait timidement à la commissure droite de mes lèvres. « Reste encore... » Tout était bon pour la retenir, n'est-ce-pas ? Et si elle me laissait, avec qui pourrais-je parler ? Je n'avais pas envie de me coucher, pas envie de m'abrutir encore plus devant un film débile, pas envie de continuer à noyer ma peine pour être certain que je pourrais encore une fois dormir sans me réveiller, sans entendre la voix de mes parents, sans cette autre voix dans ma tête qui me rappelait à quel point j'étais minable, insignifiant mais que je devais faire honneur à la famille, que la responsabilité de mon nom serait à présent transmise que par mes soins, que je ne devais pas mourir avant cela.

Impuissante, elle assistait aux larmes du hunter. Une part d’elle s’en sentait coupable. Sa main se décollait lentement, brisant le contact fragile qu’elle avait établis à travers leur méfiance mutuelle. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la rattrape. Elle ne pensait qu’il l’attirait à lui. Un léger crie de stupeur lui échappa, alors que Maria se trouvait bien malgré elle prisonnière de l’étreinte du chasseur. Une main se faufila à nouveau dans ses cheveux mais, cette fois aucune violence n’accompagnait ce geste. Juste une supplique murmurer dans son cou. « - M’abandonne p-pas… me laisse pas… » Oh comme elle connaissait cette douleur. Cette peur d’être de nouveau seul face au vide, face à la solitude froide et cruelle. Que pouvait-elle faire d’autre ? Sans un mot elle l’enlaça. Resserrant un peu plus cette étrange proximité. Les images de journée où elle s’était réveillée en pleurant, hurlant de peur lui revenait à l’esprit. Sa mère venait toujours dans ce moment là. Silencieuse elle l’écoutait parler, lui jurer qu’il ne lui ferait pas de mal alors qu’il posait sa main sur son coeur. Elle sentait sa vie battre sous sa paume. Prenant mesure que, aussi meurtrier puisse être l’individu qui lui faisait face, il n’était pas dépourvu de fragilité. Inutile de relever l’absurdité de la liste. De ce procédé qui plaçait les siens à l’état de bête que l’on pouvait abattre au moindre faux-pas. De cette justice arbitraire qui tenait d’avantage de l’épée de Damocles que d’une véritable assurance d’équité. Au lieu de ça elle poussa un soupir alors qu’il tentait maladroitement de la faire culpabiliser d’avantage pour la maintenir à ses côtés. Maria n'avait jamais aimé le chantage, mais il eut été déraisonnable et cruel de le laisser seul dans cet état.

Lentement elle ôta sa main du cœur du jeune homme, la glissant sur sa joue humide pour en essuyer les larmes. « - Je reste... je reste. » Elle parlait doucement. Ce même ton qu'utilisait sa mère un siècle plus tôt, apaisant son esprit meurtri. Doucement elle fit passer sa main de sa joue à ses cheveux, les caressant doucement comme elle l'aurait fait avec un enfant. Que pouvait-elle ajouter ? Elle l'attira à nouveau contre elle, ne sachant quoi faire d'autre pour l'apaiser. Finalement une vieille mélodie lui revient en mémoire. Une berceuse venue d'une époque lointaine. Ne sachant quoi faire d'autre, elle berça doucement le chasseur. Les secondes s'écoulaient se changeant en minute et sa voix finit par se taire, ne laissant qu'un silence étrange entre les deux êtres. Elle baissa la tête, observant le jeune homme. Elle sentait la chaleur de son corps peser contre le siens. Un point chaud. Comment quelque chose d'aussi dangereux pouvait contenir une telle faiblesse en lui ? Maria avait toujours vu les chasseurs comme des assassins, des tueurs assoiffés de sang guettant le premier prétexte pour détruire son espèce. Apparemment ils n'étaient pas dépourvu de sentiment. «- Tu devrais manger quelque chose. Il paraît que ça vous aide à aller mieux parfois. » Où avait-elle entendu ça déjà ? Ça n'avait pas vraiment d'importance... Sûrement Hide ou Masato. Délicatement elle effleura sa tempe du bout des doigts. « - Non ? »

Fragile comme un humain, l'agneau que j'étais se livrait au grand méchant loup. A moins que ce soit le grand méchant loup qui daignait montrer ses faiblesses à l'agneau ? D'après ce que j'avais compris, et d'après les dires de la rouquine, ce n'était qu'une question de point de vue. Cette dernière, aussi monstrueuse soit-elle par nature me semblait à présent incroyablement humaine. Ses bras aussi gelé que les glaciers venait m'entourer dans une étreinte qui se voulait presque maternelle. De cette glace en résultait une chaleur, une chaleur que peu de gens avaient été capable de m'offrir. Sa voix, emprunte d'une douceur infinie venait caresser mes oreilles alors que j'élargissais mon sourire, ce dernier lui témoignant toute ma reconnaissance. Revenant me blottir contre elle, tel un enfant contre la poitrine de sa mère, je l'écoutais me bercer, fermant les yeux pour apprécier davantage sa mélodie des temps passés. Mes bras quant à eux entouraient sa taille. Je la retenais prisonnière, condamné à subir ses bons traitements tout en lui rendant les caresses. Tout c'était passé naturellement. Comment en étions-nous arrivé là ? Cette soirée surréaliste ne semblait d'ailleurs pas terminé malgré le silence qui s'était installé après sa chanson. Il n'était pas lourd, certes moins reposant que lorsque cette parfaite inconnue me berçait dans ce qui devait être sa langue natale mais, c'était un silence que j'aurais qualifié d'agréable et un tantinet étrange. Je n'étais pas le plus doué pour parler, après environ dix ans de mutisme je m'étais habitué au silence de fait, cela ne me dérangeait pas. Cependant, ce ne devait pas être son cas puisque la vampire le brisa en une phrase des plus surprenante. Collé contre elle, la fraîcheur que son corps dégageait me faisait du bien, mon corps étant quant à lui beaucoup trop chaud. C'était un des effets de l'alcool, en plus de me rendre nerveux et plus éloquent qu'à mon habitude, il me donnait incroyablement chaud. Doucement, je relevais la tête sans pour autant me décoller. Mon regard cherchait celui de cette étrange créature, détaillant ce visage, le moindre détail. Ses lèvres rouges et pulpeuses, sa peau laiteuse et sans défaut, son nez droit, trop parfait pour être réel et ses yeux, légèrement plus clairs que ceux que j'avais l'habitude de voir. Son visage nous offrait une vision exotique mêlé à une perfection effrayante et fascinante. Je restais à un moment à la regarder sans lui répondre. Perdu dans ma contemplation, ma main blessée vint se poser délicatement sur son visage, caresser ce marbre qui semblait si vivant, si humain. La sensation glacée que je ressentais au bout de mes doigts me ramena cependant à la réalité. Elle était comme tous les autres, un monstre de marbre. Elle pouvait imiter les humains mais n'en serait jamais vraiment une. Pourtant, lors de cette échange, elle avait joué son rôle à la perfection. Déçu de ce retour à la réalité, je baissais les yeux, me détachant peu à peu de son étreinte pour m'adosser contre le mur de mon appartement miteux. « Ou-oui... » Répondais-je doucement. Ce n'était pas parce qu'elle était un monstre que je devais nécessairement être mauvais avec elle, elle qui avait été si aimable avec moi. Je me pinçais les lèvres, baissant la tête alors que ma main avait rejoint sa taille. « Y... il y a... » Commençais-je, ma voix hésitait comme à chaque fois que je m’apprêtais à me lancer dans une discussion. « … il y a une vam-vampire... il pa-paraî-raîtrait qu'elle a passé u-une semaine à c-cuisiner. » C'était laborieux. J'essayais du mieux que je pouvais de parler distinctement, lentement mais cela semblait être presque insurmontable. Parfois, mes lèvres s'ouvraient, marquant la volonté de faire sortir un mot mais sans succès. Elles se refermaient aussitôt tandis que mes doigts se serraient sur la taille de ce qui était à présent mon invité. Sous la honte, mon rythme cardiaque s'accélérait. Elle penserait probablement que j'étais débile de ne pas pouvoir parler correctement.

Elle l'observait, perplexe... Ce n'était pas tout les jours que l'on découvrait que le monstre sous le lit était tout aussi terrifié que vous... ni qu'il possédait ses propres blessures. Il se releva un instant, lui adressant ce même regard perplexe. Elle observait la main qui remontait vers son visage, détaillant les marque de brûlure qui entourait maintenant le poignet du chasseur. Elle ne pouvait qu'imaginer la souffrance qu'il avait dut ressentir et qui ne devait toujours pas l'avoir totalement quitté. L'immortelle retint un mouvement de recule alors que les doigts du jeune homme se posait sur son visage. A quoi pouvait-il pensé ? C'était bien la question... néanmoins la chaleur de cette paume contre sa joue lui plaisait et elle ferma doucement les yeux pour mieux l'apprécier. Malheureusement le contact se brisa plus rapidement qu'elle ne l'avait pensée et le jeune homme s'éloigna une lueur de... déception ? Dans le regard. Perplexe elle l'observa s'adosser contre son mur, sans toutefois la libérer, la mains du chasseur ne tardant pas à rejoindre sa taille peu de temps après avoir acquiescé à l'idée de manger. Paradoxale créature. Elle l'observait tranquillement pendant qu'il cherchait ces mots « -  Y... il y a...  il y a une vam-vampire... il pa-paraî-raîtrait qu'elle a passé u-une semaine à c-cuisiner.  » Un léger rire ponctua cette déclaration. Ignorant si l'alcool embrouillait les pensées du garçon ou si il tentait de faire de l'humour, elle poursuivit sur le même ton. « - Oui, il paraît qu'elle a cherché une recette pendant toute une nuit et qu'il lui a fallut bien des essaies avant d'obtenir un résultat convaincant... Il faut dire elle n'avait que l'odorat pour savoir si c'était bon.  »

Avec une grande douceur, elle décala la main du chasseur de sa taille et se leva du futon. Son regard se posa sur le panier qu'elle avait emmener et la brioche abandonnée dans son mouchoir. Oh elle n'était certainement pas à une intrusions près dans l'intimité de l'humain... ceci dit elle n'était pas certaine de vouloir découvrir ce qu'il pouvait posséder dans ces tiroirs. Résolu à devoir passé une bonne partie de sa nuit ici, la jeune femme défis sa petite capeline rouge pour ne plus être qu'en jupe et chemisier noir, accentuant encore d'avantage sa pâleur de porcelaine. Une fois de plus son regard épousa le minuscule appartement. Une théorie voulait que l'intérieur d'une demeure reflète l'esprit de son occupant... ce qui s'étalait devant elle n'était qu'abandon et entassement... A l'instant où elle se faisait la réflexion qu'elle ne pouvait pas prendre la responsabilité du chasseur, elle sut qu'elle reviendrait mettre les pieds dans cet endroit. En réalité, combien même sa vie n'était qu'un battement de cil à l'échelle de l'immortalité, il était inconcevable de le laisser ainsi. Une fois de plus elle attrapa le mouchoir et la pâtisserie. En quelques pas elle fut à nouveau devant le garçon, accroupit sur la pointe des pieds, à lui tendre la nourriture. « - Puisqu'elle a passé une semaine à cuisiner, la moindre des choses serait de goûter, qu'elle sache si cette semaine en valait la peine ou si elle n'est pas capable de suivre une recette humaine... » Intérieurement Maria espérait que le chasseur ne prenne pas à nouveau la mouche en imaginant qu'elle désirait l'empoisonner.

Offusqué par son rire, je reculais frénétiquement la tête, la regardant avec des yeux ronds pour enfin baisser les yeux, mort de honte. Après tout l'effort que j'avais concentré dans cette phrase, elle aurait pu éviter de se moquer de moi ! Alors que mes joues s’empourpraient sous la honte, sa réponse me fit relever la tête. Je la regardais à nouveau, la laissant m'échapper. Un sourire timide étirait mes lèvres alors que je comprenais enfin la vraie raison de son rire. Je détaillais le moindre de ses mouvements, de ces regards. Elle avait réussit à momentanément calmer ma rage, elle n'en demeurait pas moins une ennemie. Une ennemie redoutable qui plus est à en voir le souvenir qu'elle avait laissé sur mon poignet. J'eus un brève mouvement de recule lorsqu'elle revint vers moi, me tendant la fameuse pâtisserie. Je soupirai. C'était ma faute, j'avais remis ce sujet sur le tapis et elle semblait vraiment tenir à me faire avaler ça. Cette fois-ci, j'acceptais son offre, une façon de la remercier. Je m'avançais légèrement vers elle sans pour autant me lever par flemme, je l'avoue. Mes lèvres s'avançaient de la nourriture pour en prendre une grosse bouchée, échangeant au même instant un regard avec la rouquine. Rapidement, je vins de vautrer à nouveau contre le mur, les joues gonflées comme un hamster alors que je mastiquais. Surprit par le goût, j'écarquillais les yeux sans dire un mot. Bordel de merde ! C'était bon son truc en plus ! Je mastiquais en silence, me gardant bien de lui faire la réflexion, ça lui ferait trop plaisir. Je détournais le regard à mesure que j'avalais son gâteau, grimaçant. « M-mouais... » Commentais-je tout de même. « S'pas... mau-mauvais... » Il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin, je n'allais pas complimenter un vampire. Il en était hors de question ! Pour accompagner le tout, je tendais le bras pour prendre ma bouteille de bière déjà bien entamée. J'en buvais une gorgée, comme si je n'avais pas assez bu pour ce soir, la gardant en main.

Mes yeux se baissaient vers mon poignet, repensant à ce qu'il s'était dit et passé précédemment. Cette vampire m'avait assuré qu'elle ne savait pas se battre, qu'elle nous craignait, nous, simple hunter cependant, je trouvais ses pouvoirs beaucoup plus effrayants que nos techniques de combats. Certes, elle ne savais peut être pas se battre – si j'en croyais ses dires, mais peut on réellement faire confiance à un vampire ? – mais la puissance destructrice des flammes, ça s'était un pouvoir que seul un idiot ne craindrait pas. En un battement de cil, elle pouvait nous incendier si l'envie lui prenait. Les nobles étaient si effrayants ! Durant ma réflexion, je continuais de boire, faisant baisser le volume d'alcool présent dans ma bouteille. « T-t'es d'l'aca... académie ? » Demandais-je alors que la soirée me revenait en mémoire. L'utopisme de son frère et sa « gentillesse » m'avait mené à cette conclusion. Si sa famille était pacifiste, ils l'avaient probablement envoyé en ce lieu. Un rire jaune passa la barrière de mes lèvres. Mon opinion sur l'Académie était bien encrée dans mon esprit, tout comme dans celui de ma famille.

Un étrange sentiment d'apaisement se dégageait de la scène... Amusée elle l'observait manger le gâteau, pour autant la grimace qui accompagnait la déglutition ne fut guère satisfaisante. « - M-mouais... s'pas... mau-mauvais... » Un bref instant elle fronça les sourcils. Pas mauvais, elle avait dut se mélanger les pinceaux dans les ingrédients.  Pas mauvais... ce n'était même pas le huitième du quart de ce que son esprit perfectionniste avait envisagé. Ravalant sa fierté elle résolue de ne pas commenter. Suivant plutôt le regard du jeune homme vers son poignet meurtrie. Coupable, elle se mordit légèrement la lèvre inférieur... mais qu'aurait-elle put faire d'autre ? Elle n'allait pas le mordre non plus ? Cette pensée fit remonter à son esprit la sensation de la gorge chaude contre ses lèvres, de la veine qui y avait palpité. Fermant les yeux elle essaya de repousser au loin cette image... cette... envie. Se redressant, elle tâcha de mettre une distance avec l'humain, aussi infime soit-elle. Croisant les bras, elle s'appuya contre un mur, essayant de poser son regard sur autre chose que le chasseur. « - T-t'es d'l'aca... académie ? » La question la prit légèrement de court. Un bref instant elle fut tenter de lui demander son avis sur cet étrange endroit, mais le rire qui suivit la question acheva d'y répondre.

Vivement elle tourna son regard sur lui, comme pour lui répondre... mais immanquablement ses yeux revenait sur la gorge du garçon. Quel idée avait-il eut ? Jamais elle n'avait eut affaire à un humain... un chasseur... aussi inconséquent... Quoiqu'elle n'avait jamais réellement eut affaire aussi longtemps à un mortel. Son regard dévia à nouveau, comme absorbée par un point invisible sur un mur. « - Pas vraiment par choix... mais oui. » Elle soupira un bref instant. « - C'est un endroit dangereux je trouve... je ne voix pas l'intérêt de mettre des vampires en contact avec des humains... Comme si on attendait que l'un d'entre nous n'arrive plus à contrôler ses instincts. » Elle n'avait jamais vraiment eut le temps de donner le fond de sa pensée sur cet endroit. Tout le monde autours d'elle semblait considérer l'académie comme un incroyable progrès, s'obstinant à fermé les yeux sur le danger que pouvait représenter cet endroit. Nerveuse, elle tapotait sur son bras le tempo d'un air sur lequel elle travaillait en ce moment, se focalisant un bref instant sur la musique pour faire reculer ses instincts primitif. « - J'ai souvent le sentiment que cet endroit est autant un prétexte à déclencher une guerre qu'à servir la paix... Qui sait si tout les vampires présent réussiront à se tenir aussi proche d'humain ? Ou si les enfants de hunter réussiront à dépasser leur éducation? » Elle se tourna à nouveau vers le jeune homme, posant sur lui un regard plus intense qu'elle ne l'aurait souhaité : « - C'est comme si ils avaient construit une usine de poudre au-dessus d'un volcan encore fumant...  »

Sa réponse ne tarda pas à s'élever. Bien trop occupé à fixer les dégâts sur mon poignet, je ne remarquais pas son regard sur ma jugulaire ni même les efforts qu'elle pouvait faire pour maintenir ses instincts primitifs. Je l'écoutais simplement parler, hochant la tête à de nombreux moment en guise d'approbation tandis que je tournais mon bras pour continuer mon observation. Même si l'alcool estompait la douleur, je ressentais de léger picotement à ce niveau. Demain matin, lorsque j'aurais dessaoulé, je risquerai de le sentir passer. « On... on aime p-pas les vamp-p-pires. » Déclarais-je une fois qu'elle eut terminer de me faire part de son opinion. Un rire amère passa mes lèvres. C'était bien léger comme argumentation mais face à tant d'éloquence, je me devais de lui répondre. Je soupirais déjà las à l'idée de devoir parler longtemps mais avais-je le choix ? Mon regard lâchait mon poignet un instant, se dirigeant vers elle. Elle semblait vouloir perdre son regard dans le vide, ou peut être se faisait-elle des commentaires mentaux en rapport avec l'état des meubles présent dans cet appartement ? Ils étaient vieux, de mauvaise qualité, pas en excellent état et surtout, je ne m'amusais pas à les entretenir. Ils étaient à l'image de mon appartement : complètement délabrés. Cependant, cela ne me dérangeait pas de vivre dans un tel endroit. Ce n'était pas aussi luxueux que la maison de ma tante, mais à présent, c'était chez moi. Je préférais vivre dans cette décharge de bouteille vide plutôt que de perdre mon indépendance, d'avoir encore une fois l'impression d'être en trop.

Soudain, je me levais, un élan de motivation ayant parcouru mon corps. Je me dirigeais d'un pas décidé vers un des meubles dans l'espace « cuisine » pour en sortir un calepin promotionnel que l'on m'avait donné dans la rue ainsi qu'une collection de stylo. Ne sachant pas lequel fonctionnait ou non, mieux valait tous les prendre. Profitant d'être début, je pris une nouvelle bouteille de bière dans le frigo, la mienne étant presque vide. Je revenais m'installer sur mon futon, prenant appuie sur la table basse, je me penchais vers cette dernière tel un écolier face à son cahier d'exercice. Je commençais à gribouiller sur le papier, alternant avec les stylos une fois que ces derniers me lâchaient. Je tentais d'écrire le plus vite possible, mon écrire étant aussi imparfaite que celle d'un enfant. Certains traits imprimaient les nervures de la table, d'autres finissaient par trouer la feuille en plus des multiples changement de couleur. Mon papier faisait peine à voir, cependant, je l'avais écrit alors que je n'étais pas en pleine possession de mes moyens. Une fois mes idées inscrites dessus, je le tendais à mon invitée insolite. « Je suis de ton avis. C'est tout simplement stupide, non, c'est une aberration ! Les vampires et les humains ne peuvent pas cohabiter, c'est impossible. Nous sommes beaucoup à attendre que l'un de vous faute, moi le premier et si tu veux mon avis, cette académie part d'une intention bien trop naïve d'un idéaliste. Tous ceux qui approuvent ou approuvaient son idée n'ont pas forcément les mêmes intentions. Je sais par exemple que ma famille a soutenu le projet et que si mes parents n'avaient pas péris, ils m'auraient forcément envoyé là-bas. Par chance, ma tante, qui s'est chargée de mon éducation, m'a laissé libre de mes choix et ne s'est pas opposée à ma décision de quitter la demeure familiale. Cependant, il m'a été rapporté que mes parents, pour honorer notre nom m'auraient forcé à l'intégrer uniquement dans le but de vous surveiller et d'être en première ligne le jour où nous aurons la preuve que vous êtes des créatures dangereuses à éliminer. »
Une fois le papier donné, je recommençais à gribouiller sur un second papier par manque de place et une fois fini, je le lui tendais, les joues pourpres. « Cependant, et même si je vais te maudire demain matin, j'apprécie que tu ne m'ais pas mordu. Je suis d'ailleurs désolé pour tout à l'heure. Et tes gâteaux sont vraiment bon. » Je baissais la tête, me pinçant les lèvres. J'espérais ne pas retrouver le second papier demain matin de peur de mourir de honte d'avoir écrit ce genre de chose à un vampire. « Da... » Repris-je cette fois-ci à haute voix, une voix frêle qui trahissait ma timidité. « D'ailleurs... c'est quoi ton n-nom ? »

« - On... on aime p-pas les vamp-p-pires. » Maria écouta cette phrase, se rire amère. Bien sûr qu'il n'aimait pas les vampires. Étrangement cette phrase lui fit un léger pincement au cœur. Il eut un mouvement et elle l'observa à nouveau. Une part d'elle ne pouvant s'empêcher d'être sur le qui-vive chaque fois qu'il se déplaçait. La peur qu'il se retourne d'un coup et change d'avis, malgré le calme apparemment de la situation... et puis... et puis cette envie qui couvait en elle. Est-ce que tout les vampires la ressentaient ? Ceux qui fréquentaient les humains au quotidien ? Comment faisaient-ils ? Pourquoi s'imposaient-il ça ? En plein dilemme intérieur, elle le vit subitement écrire et lui tendre un papier. Calmement elle le parcouru. Acquiesçant à ce qu'il écrivait, surprise de se trouver un point commun avec lui... inquiète de réaliser qu'il était exactement comme elle imaginait les chasseur : entrain d'attendre une faute... et bien que le second message fut plus positif, Maria ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle jouait avec sa vie à rester ici. Un bref instant elle se demanda pourquoi il lui écrivait, lui qui parlait jusque là. La réponse lui vint avec la question timide qu'il lui posa « - Da... D'ailleurs... c'est quoi ton n-nom ? » Avait-il honte de son bégaiement ? « - Este dragut ...» chuchota-t-elle amusée avant de reprendre plus haut : « - Maria... enfin Dragomir Maria... Mais la plus part du temps les japonais ont du mal à prononcer mon nom de famille, alors je ne t'en tiendrais pas rigueur si tu utilise mon prénom, Murasaki-san. »

Du bout des doigts elle jouait avec le papier, le passant entre son pouce et son indexe, le lissant. Peu à peu elle réussissait à repousser au loin son instinct. Pourtant le désir de sang était toujours présent, comme si une bête s'était subitement réveillé au fond d'elle et attendait juste le bon moment pour surgir. Devrait-elle toujours se battre contre ça ? Elle avait réussit à le repousser, au moins était-elle plus forte que cette part primitive qui l'habitait. La jeune vampire prit subitement conscience que cela faisait deux bonne minutes qu'elle lissait la feuille en silence, uniquement occupée par un combat intérieur qui ne regardait qu'elle... ou en tout cas qui ne regardait pas un chasseur qui aurait put prendre ça comme un prétexte pour lui faire du mal. Sa main se crispa doucement. Il fallait qu'elle s'alimente ou elle allait devenir folle. Plus rapidement qu'elle ne l'aurait voulu, sûrement un peu brusquement pour le chasseur, elle fut sur la petite cape qu'elle avait abandonné sur le futon, de la poche intérieur elle sortie une petite plaquette. Un petit craquement sec se fit entendre alors qu'elle sortait un comprimé de sa protection... un cachet, comme celui qu'on donnerait à un malade. L'image la faisait toujours frémir, mais c'était toujours mieux que de se nourrir sur un humain. « - Aurais-tu un verre d'eau je te prie ? Je ne pensais pas rester aussi longtemps... » Ni qu'un humain m'expose ainsi à sa gorge... ceci dit, elle se garda bien d'ajouter ce détail.

Sans la regarder, ou du moins, en évitant de la regarder, mort de honte, je hochais la tête à sa réponse. Alors ça allait être Maria. C'était déjà mieux que Princesse ou tout autre surnom puant le sarcasme à trois kilomètres. Cette vampire, malgré son principale défaut et le malaise qu'elle me faisait ressentir par moment ne me semblait pas totalement monstrueuse. Elle me l'avait prouvé précédemment, elle m'avait semblé humaine, l'espace d'un instant. Plus humaine que certains. Le silence qui s'installait dans l'appartement me faisait réfléchir tandis que j'ouvrais ma nouvelle bouteille de bière pour en boire une gorgée. Et s'ils n'étaient pas tous des monstres ? A cette idée, je secouais vivement la tête. C'était impossible ! Ce n'était pas parce qu'une avait une fois dans sa vie fait preuve de compassion à mon égard ou que nous avions plus de points communs que j''aurais pu imaginer qu'elle était humaine. Elle restait un monstre ! Oui, elle était un monstre et je devais garder cette idée à l'esprit. Quant bien même pouvait-elle faire preuve d'amabilité, ce n'était qu'une façade ! Oui ! Une façade ! Tout ça pour me dissuader, me faire douter et le pire, c'est qu'elle y arrivait parfaitement bien. Je fronçais les sourcils, l'air grave. Perdu dans ma réflexion, je me montais la tête tout seul pour résister. Oui, je lui étais reconnaissant pour sa gentillesse et ses attentions, mais... sa nature que l'on m'avait apprit à détester m'effrayait. Je me mis même à sursauter lorsqu'elle revint à mes côtés, me faisant basculer sur le côté. Mon cœur avait loupé un battement, celle-ci, je ne m'y attendais pas. Naturellement, j'étais venue me tenir la poitrine alors que je me relevais. « F-fais plus ça ! » Avais-je grogné. Je la regardais avec de grands yeux tandis que je me levais. Je détaillais le moindre de ses mouvements jusqu'à voir qu'elle avait même apporté ses pilules. Je fixais l'objet, n'en ayant jamais vu d'aussi prêt. Je déglutissais, commençant à ressentir de la peur à son égard. Avait-elle faim ? Si ses comprimés ne lui suffisaient pas, me sauterait-elle à la gorge. Machinalement, mes mains vinrent entourer ma gorge pour me protéger. « P-p-prend... » Je me pinçais les lèvres, me reculant légèrement dans le futon. Mon palpitant s'accélérait alors qu'une main lâchait mon cou pour lui désigner ma bouteille de bière. C'était un comble, un hunter qui avait peur d'une vampire mais elle semblait avoir faim et la seule chose qui la sustenterait serait probablement mon sang et non ce genre de tablette coupe-faim pour anorexique. Je me mordais la lèvre inférieure en la regardant, ma main retournant rapidement protéger mon cou. « T-t... tu as f-faim? » Lui demandais-je paniqué. Je devais en avoir le cœur net, savoir si oui ou non, sa gentillesse cachait en réalité le désir de s'abreuver de mon sang. A cette idée, je ressentais un étrange pincement au cœur, j'étais comme... déçu. Ce n'est pas comme si je me faisais de fausses idées, je le savais qu'ils étaient tous des monstres assoiffés de sang, mais peut être que je me sentais terriblement stupide d'avoir cru l'espace d'un temps que j'appréciais sa compagnie.

La peur est de retour. Elle entend son cœur battre à une vitesse hallucinante. Ce serait presque risible si il n'avait pas cet air effrayé sur le visage. « - F-fais plus ça! » Elle s'arrête un moment, le fixant avec curiosité. Un bref instant ça lui saute au visage. Oui, si on y réfléchit bien, ici c'est elle le prédateur. C'est elle qui est supposé se nourrir à la gorge du garçon. Son regard remonte, voit la main qui est venu protéger sa carotide, continue son ascension jusqu'à croiser son regard terrorisé. La créature comprend alors une chose : si elle ne veut pas l'effrayer, elle devra plus que jamais être prudente dans le moindre de ses mouvements. « - P-p-prend... » Son regard se tourne, suivant la direction du doigt vers la bouteille de bière. Ses yeux s'arrondissent de surprise, jamais elle n'avait consommé d'alcool et ignorait totalement les effets que pourrait avoir cette boisson sur elle. Prudemment elle se saisit de l'objet comme si il eut s'agit d'une animal dangereux. Le goulot fut vite monter à son nez et elle en sentit l'odeur de plus en plus perplexe. « - T-t... tu as f-faim? » La question la sortie de son examen minutieux de l'alcool. « - Je... oui. » Jusque là elle s'était montrer franche avec le chasseur, pourquoi lui mentir subitement en affirmant qu'elle avait juste voulu lui faire une bonne frayeur. Ceci-dit, coup de chance ou de génie, l'idée de goûter une boisson inconnue avait eut le mérite d'attirer ailleurs l'attention de la vampire et même si son oreille continuait de percevoir les battement paniqué du cœur du mortel, elle était beaucoup plus intriguée par la bouteille.

Finalement elle se tourna à nouveau vers l'humain et agitant légèrement la bouteille expliqua : « - Il faut que ça se dilue dans le liquide je... je n'ai jamais essayé avec de l'alcool avant. » Elle hésita un moment et finit par lâcher la tablette dans la bière. Un frémissement se fit entendre alors que la boisson moussait légèrement au contact de la chizai. Perplexe elle continua de renifler le breuvage, comme si elle craignait de finir empoisonné. Tout ce qu'elle en concluait c'était que l'odeur lui déplaisait grandement. Son nez se fronça à chaque fois qu'elle venait inspecter la bouteille et elle faisait légèrement tournée cette dernière comme une enfant qui rechignerait à prendre un médicament. Finalement n'ayant guère d'autre choix, elle portait la bière ''au sang'' à ses lèvres. Une gorgée. Une grimace. « - Mais c'est infect! » Il y avait ce goût... ce goût amère, étrange... et puis cette sensation, comme si elle venait d'ingurgité quelque chose de tiède et de piquant. Visiblement déçu la vampire attrapa sa plaquette pour voir si il lui restait une autre tablette à dilué dans autre chose. Malheureusement, elle était vide. Un léger soupir contrarier et elle porta à nouveau la bouteille à ses lèvres, en vidant d'un coup le contenue. D'abord il n'y eut rien. Juste une grimace de dégoût a mesure qu'elle avalait la bière... non le problème vient quand elle se leva. Le monde sembla subitement tournée autours d'elle et la vampire se rattrapa in-extremis au mur : « - Qu'est-ce que... » Accusatrice elle se tourna vers le chasseur. « - Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi ça... pourquoi ça tourne ? » Maria se moquait bien subitement que le liquide soit mauvais ou qu'elle ait put vouloir du sang d'un humain... non, là, maintenant, elle voulait comprendre pourquoi sa tête tournait, pourquoi ses jambes ne semblaient plus aussi assuré qu'avant... et est-ce que ça allait prendre fin ?

La déception, en plus de la peur s'intalla en moi. Je détaillais chaque mouvement de la vampire qui semblait perplexe quant à la boisson que je lui proposais. Elle ne semblait pas vouloir de mon sang, beaucoup plus intriguée par la bouteille que je lui avais proposé cependant, je n'arrivais pas à me détendre. N'étant pas en pleine possession de mes moyens, il serait facile pour elle de me sauter à la gorge si l'envie lui prenait. Je serrais les dents, clignant à mainte reprise des yeux, étonné par son comportement et sa remarque. N'était-ce pas la même chose que de l'eau pour eux ? C'est ce que j'avais cru comprendre lors des cours qui nous était donné lorsque je n'étais qu'un enfant : un vampire pouvait boire de l'alcool, cependant il n'en ressentirait pas les effets. Cependant et d'aussi loin que je me souvienne, jamais leur tablette ne nous avait été évoqué autrement que pour nous assurer qu'elles étaient leur moyen de substitution au sang humain. Mais qu'y avait-il dans ces fameuses tablettes ? Ça, je l'ignorais mais si Maria avait éprouvé le besoin d'en prendre une, c'était probablement parce que je lui avais donné envie de passer à table. Quelle idée j'avais eu aussi de lui exhiber ma gorge !? Je me maudissais intérieurement d'avoir une fois de plus joué au con. L'alcool faisait faire des choses stupides.
Toujours plongé dans l'analyse minutieuse de ses mouvements, je ne pus me retenir d’échapper un petit rire lorsqu'elle commenta le goût et avant même que je réalise que ce n'était pas normal qu'elle le puisse. J'entre-ouvris la bouche pour la mettre en garde mais avant même qu'un son ne passe la barrière de mes lèvres, elle avait déjà vidé la bouteille. Choqué, je la fixais les yeux écarquillés. Elle avait une bonne descente de bière pour une première fois ! Mais... n'avait-elle pas le nez qui pique ? Ou ressentait-elle les effets de l'alcool ? Voici à présent, je m’inquiétais pour elle. Un Murasaki qui s'inquiète pour un vampire, je n'y aurais jamais cru.

Pour une raison obscure, la vampire se leva, me forçant à en faire de même dans un geste brusque. Mon intention était de la rattraper, hélas, je n'étais pas à ma première bière, ni à mon premier verre et dans la précipitation, je sentis mon équilibre se compromettre, me reculant de quels pas avant de me rattraper à mon tour. La situation dégénérait encore une fois. Décidément, cette fille avait un don pour transformer les situations en montagne russe. Pour une fois, ce sentiment devenait positif. Je la regardais, me détachant du mur en explosant de rire. Doucement, je m'avançais vers elle, posant à nouveau mes mains sur ses hanches. « L'alcool... » Me contentais-je de lui répondre doucement. Une de mes mains attrapait une des siennes, la faisant se poser sur mes épaules pour qu'elle puisse prendre appuie. « P-pas mordre. » Lui ordonnais-je, un sourire ornant mon visage, amusé par la situation. Pour moi aussi, la pièce tanguait, ma stabilité laissait donc à désirer. Mon regard se plantait dans le sien alors que je restais un moment silencieux, me noyant dans ce regard pour tenter de retrouver une stabilité. « T-tu... tu veux t'asseoir ? » Chuchotais-je soudainement comme pour ne pas briser l'instant de calme qui s'était installé entre nous, bercé par mes chancellements.

Il riait, se moquait-il ? Maria releva vivement la tête prête à lancé une réplique cinglante, mais ne gagna qu'un nouveau tournis. Pourquoi ? Pourquoi sa faisait ça ? Non ça ne lui plaisait pas ! Elle l'observait s'avancer et une fois de plus les mains du jeune homme se posèrent sur ses hanches, lui aussi semblait particulièrement peu alerte dans ses mouvements... Quoique vu ce qu'elle l'avait vu ingurgité avant et pendant leur discussion, il lui semblait subitement particulièrement agile comparer à elle. « - L'aclool... » Il posa une de ses mains sur son épaule et elle s'accrocha autant que possible pour se stabiliser. « -P-pas mordre. » ordonna-t-il avec un sourire. Comme si elle avait envie de mordre quoique ce soit avec ce tournis ! Elle s'était empoisonnée, elle en était sûr. Pitoyable elle ferma les yeux et appuya son front sur l'épaule du chasseur. Au moins, ainsi, le monde lui semblait plus stable. « - T-tu... tu veux t'asseoir? » Le mots chuchoter à son oreille était une bien tentante proposition, elle hésitait doucement bercer par le chancellements du garçon. Une danse incontrôlée qui aurait sûrement été comique dans une autre situation.

« - Je veux pas bouger... je veux que ça arrête de tourner. Je n'aime pas ça. » Elle resserra un peu sa prise sur le jeune homme. La chaleur de son corps et de l'alcool commençait à se mêler en elle... Peut être la seule chose agréable à cette situation. « - Je me sens ridicule. » finit-elle par confesser. Elle, la fière Maria, la cinglante roumaine, elle qui dénigrait a tout bout de champs la cohabitation humain-vampire, se trouvait dans les bras d'un chasseur tanguant sous l'effet de l'alcool. Un léger rire lui échappa. « - On dirait deux rochers qui dansent... comment ils appellent ça déjà les humains... un slow ? C'est ça ?  » Au fond elle regrettait les années folles, ces moments d'effervescence, de musique joyeuse et de beau vêtement. Doucement elle se mit à fredonner, transformant les chancellement en une légère danse. «  - It had to be you, it had to be you, I wandered around and finally found, that somebody who, could make me be true, could make me feel blue, and even be glad just to be sad, thinking of you... » Elle s'arrêta riant d'une joie qu'elle peinait à s'expliquer : « - Evidemment, j'imagine que Frank Sinatra ce n'est pas vraiment ton chanteur préféré? »

La nouvelle ambiance qui s'était installée entre nous était étonnement agréable. Lorsqu'elle posa sa tête contre mon épaule, je me rapprochais d'elle, collant nos corps l'un contre l'autre alors que nous continuions à tanguer. Je la laissais parler, préférant profiter de cette instant tandis que ma main blessée remontait dans son dos pour gagner sa nuque glacée. Cette sensation de froid à chaque fois que je la touchais me rappelait combien nous étions différents. Je détestais cela, vraiment mais hélas, j'étais impuissant. Il n'existait pas de remède miracle pour soigner les vampires sinon, les miens ne seraient pas là à la chasser. Dans ce moment, il me suffisait d'accepter sa condition, massant sans mot dire sa nuque. Peut être que ça lui ferait du bien ?
Esquissant un rictus moqueur à son commentaire, je me rappelais le nombre de fois où j'avais assisté à des bals d'école, ma cousine comme seule compagnie lors de ces danses normalement réservées aux amoureux. Je tentais de me contrôler au rythme de sa chanson pour suivre le rythme, la balançant doucement de gauche à droite de façon plus que maladroite en parti à cause de l'alcool mais également à cause de ce manque d'habitude. Je n'étais pas le genre de personne à danser et encore moins sur ce genre de chanson. Une fois qu'elle eut fini sa chanson, mon chancellement se calma pourtant, je continuais à la tenir contre moi, mon visage contre sa tête alors que je pouvais sentir les effluves de son shampoing. « Non, j'co-nnais pas. » Murmurais-je à son oreille. Ma culture musicale était assez pauvre pour ne pas dire inexistante. Il faut dire que je n'avais jamais eu le temps de m'y intéresser, mes entraînements au combat me prenant tout mon temps « libre ». « M-mais j'aime b-bien... » Poursuivais-je sur le même ton. « ...quand t-tu chantes... j'aime b-bien. » Après la peur, un élan d'euphorie m'envahit, probablement dû à l'alcool, tout comme la révélation que je venais de lui faire, à moins que ce soit son rire qui m'ait contaminé. Le fait est que je riais doucement près de son oreille, souriant comme un con. « On de-devrait s'asseoir... avant de... de tomber. » Continuais-je, inquiet pour notre équilibre. Pour le moment, j'arrivais à nous maintenir debout mais après la journée que j'eus passé, ma stabilité sur le long terme restait incertaine. Malgré ma proposition, je n'avais pas envie de me défaire d'elle, ce fut pour cette raison que je restais debout, essayant de calmer nos balancement un maximum jusqu'à ce que je redoutais arriva. Brusquement, j'eus l'impression de m'emmêler les pieds alors que ces derniers n'avaient même pas quitté le sol, me faisant chuter en avant. « Maria ! » Échappais-je dans la panique. Je nous voyais déjà tomber comme deux cons sur le sol et par réflexe, probablement parce que cette créature ressemblait à une jeune femme, j'enroulais mes bras autour d'elle, une main posée sur sa tête et l'autre sur son dos pour amortir sa chute. Ce fut en premier lieu mes genoux qui tapèrent contre le sol puis s'en suivirent mes coudes puis mes bras. J'échappais une grimace de douleur. Mon poignet blessé qui était à présent en plein dans la saleté me piquait affreusement en plus du choc que j'avais reçu. Pourtant, je ne disait rien, relâchant simplement mon étreinte pour m'assurer qu'elle allait bien. Mon bras valide glissait de son dos pour venir retirer les cheveux qu'elle avait devant le visage. Doucement, je les replaçais. « ça... ça va ? » Lui demandais-je tandis que je détournais mon regard. « Pa-pardon... »

Blottit dans cette étrange danse, les yeux fermée à chantonner, Maria s'évadait. Le monde tournait mais ce n'était plus tant l'alcool que ses souvenir. Le petit appartement s'effaçait. La ronde se changeait. L'odeur de la bière était remplacée par celle du champagne. Les robes dorée brodée de sequin s'agitait au rythme des jambes. Un rire ou deux. On dansait, on discutait. Le souvenir d'une main sur sa hanche, une autre main. Un jeune soldat. On fêtait la fin de la guerre et l'euphorie s'était emparer de Londres. Toute plongée dans ses souvenirs elle entendait à peine la voix du jeune homme. « - ... quand t-tu chantes... j'aime b-bien. » Son sourire s'élargit. « - J'ai toujours aimée chanter. J'ai chanter quand le premier armistice a été signé... La fin de la guerre. On a tellement danser cette nuit-là... » Comment décrire ce sentiment à quelqu'un qui n'avait pas vu les humain se déchirer avec tant d'ardeur ? Cette impression de fin du monde qui avait prit subitement fin ? Le soulagement, l'euphorie. « - On de-devrait s'asseoir... avant de... de tomber. » Déjà ? Non ! Elle voulait encore danser un peu. Juste un peu, un bref instant. Le monde ne dansait plus comme avant. Il n'y avait plus ce moment d'innocence, de charme. « - Oh...tu... » Elle n'eut pas vraiment le temps de finir sa phrase que déjà le monde tournait à nouveau et le monde se dérobait sous leur pieds. Les voilà tout les deux au sol, lui dévoré d'inquiétude. « - ça... ça va? » Les mèche rousse était délicatement écarté de ses cheveux. « - Pa-pardon... »

Elle le regardait, cet air penaud,ce moment de pur innocence... Le rire lui échappa. Franc, joyeux, innocent. Elle en aurait pleurer, mais pour le coup elle ne pouvait guère que se tenir les côtes. Se relevant elle attrapa les mains du jeune homme, l'attirant vers elle pour qu'il se relève. « - Ou-oui. » la voilà qui n'arrivait plus à parler tant elle riait. « - Je-je vais bien, merci. » Ses yeux s'était emplit de joie, pendant un bref instant elle avait l'impression de retrouver sa prime jeunesse, ce moment où il n'y avait guère de différence entre elle et un humain... après tout on est tous pareil à vingt ans. Se reprenant, elle se recoiffa. « - Et toi ? Tu as amortit ma chute j'ai l'impression. Quel gentleman ! » Sa voix n'était qu'une douce moquerie. L'alcool, la danse, la musique... Il lui aurait bien difficile de déterminer l'origine de cette soudaine joie. Sûrement la danse. Elle avait oublié à quel point elle aimait danser. « - Les gens ne dansent plus comme avant... Avant c'était... Ah ce sentiment d'interdit, ce frisson quand nous sortions en cachette pour rejoindre les bals populaires. C'était là que je côtoyais quelques fois des humains. Un bon danseur est toujours un bon danseur, qu'importe qu'il soit mortel ou immortel. Et nous dansions, nous dansions... jusqu'à ce que le jour soit trop proche... La valse, le charleston, le twist, le tango... tellement de danse différente. Chaque nuit il y avait un dancing d'ouvert. »

Son sourire s'élargissait à mesure qu'elle parlait, emballer par ses souvenir. Une main sur un cavalier imaginaire elle effectua un pas de danse qui aurait sûrement put être gracieux si le manque d'espace et l'alcool ne la firent pas légèrement tituber. Se reprenant, elle se redressa. « - Et la fin de la guerre... Comme si en un instant quatre ans d'horreur se dissipait. Et il ne restait plus que la joie, la danse et la musique. Nous avions survécut à l'enfer, nous étions vivant! » Elle soupira un bref instant, son regard plus vague. « - Je ne peux pas en dire autant de la seconde... non...  » Sa main attrapa celle du jeune homme plus pensive. « - J'étais là tu sais... Au Japon. » Oui, Hiroshima, Nagazaki... Elle avait versée des larmes sur ces morts, ne comprenant pas comment un acte aussi horrible pouvait être commit... pas plus que, plus tard, elle ne comprit le massacre de Nanjing. Finalement elle préférait danser. Se souvenir de la musique, de la fête. Ses yeux se posèrent sur le poignet blessé du chasseur... Une vague de culpabilité la submergea de nouveau. Elle passa un doigt doux sur ce dernier. « - Je suis désolée... Il y a un moyen de te soigner ? Je peux faire quelque chose pour réparer? »