Why Not ? --> Senri

Le jour s’est levé dans une lumière rase, chassant des lambeaux de nuit vers la barre grise des établissements de l’académie. Je n’ai pas attendu l’agaçante sonnerie du réveil pour bondir hors du lit. J’ai mal dormi. La faute aux cauchemars, toujours les mêmes. Je me frotte les yeux d’un geste machinal, presque enfantin. Une mèche brune barre ma joue. Une séance chez le coiffeur ne serait pas du luxe. Plus tard. Ce n’est pas ma priorité pour l’instant.
Je récupère une barrette échouée sur le sol, rassemble le flot indiscipliné de mes cheveux et les enferme dans une queue-de-cheval sans allure.
Debout, pieds nus au milieu de la chambre, j’évite de regarder le miroir. Sans réveiller ma camarade qui partage la même chambre que moi au sein du pavillon du soleil. Je sors de la chambre sans un bruit, mes affaires en main pour me diriger vers les douches des filles du dortoir.
Le jet tiède de la douche débarbouille mon corps de l’ankylose du mauvais sommeil que procurent les somnifères prescrits par des docteurs. La tête renversée en arrière, j’abandonne mon visage à la caresse de l’eau. Les douches sont si calmes à cette heure-ci, aucun chat ne traine par ici, tout le monde dort encore dans les bras de Morphée. Ce qui n’est pas déplaisant de se croire seule dans cet établissement.
Je ferme ensuite le robinet, m’entortille dans une serviette et contemple mon reflet dans le miroir embué. Je passe une main sur mon ventre où se trouve ma cicatrice, je me détourne agacée.
Vêtu d’une serviette, je retourne à ma chambre en étant la plus discrète au monde.

…………………………….

15 heures : Salon, pavillon du soleil.

J’ai toujours aimé lire, surtout les livres de légende et de mythologie que mes parents me racontaient le soir avant de m’endormir. Je sais ce n’est pas forcément le genre d’histoire que l’on peut raconter à une enfant, pourtant je n’étais pas effrayée mais plutôt fasciner. A l’époque j’étais persuader que toute ses histoires et les créatures mentionner dans ses histoires étaient réelle. Cependant j’ai grandi et j’ai appris bien vite ce qu’étais la réalité et la fiction, mais cela ne m’a pas empêcher d’apprécier ce genre d’ouvrage.

Alors que j’étais sagement assise sur un fauteuil du salon à bouquiner, mon coude poser sur l’accoudoir et ma main soutenant ma tête. Je ne prends même pas le temps d’observer ni d’entendre ce qui m’entourent. Pourtant un son m’interpelle, une voix plus précisément, familière et douce. Je daigne alors lever les yeux pour regarder cette personne à qui appartenait cette voix. Senri…Je me met alors à sourire bêtement avant de m’en rendre compte et de cesser tout de suite. Je laisse bien vite tomber mon livre puis je me lève, je pince mes joues pour ensuite afficher mon sourire habituelle avant d’avancer vers le jeune homme.

Alors que je me trouve derrière cette tête brune, je viens ébouriffer ses cheveux si bien coiffés juste par plaisir. Je me positionne enfin en face de lui.

‘’ On se croise souvent Ogawa. ‘’ ."» .

Un nouveau week end qui commence, autrement dit, deux journées sans cours, de quoi essayer de me reposer un peu. Enfin, c’est vite dit, dès que je ferme les yeux, je revois cette image qui me glace le sang à chaque fois et me fait m’éveiller en sursaut, couvert de sueur et encore plus épuisé qu’avant. Au final, plus les jours passent, plus je m’enfonce vers le bas sans jamais réussir à sortir la tête de l’eau. Je passe plus de temps à l’infirmerie qu’en cours, ce qui amène l’infirmière à sérieusement songer à me faire hospitaliser, merci mais non merci, j’ai mieux à faire! Je fais tout pour l’éviter aussi, lui, l’origine de mon état actuel. Je ne sors quasiment pas et je ne vais plus au qg, de toute façon je suis toujours interdit de chasse et d’entraînements, même si ça m’énerve car sans entraînement je risque de perdre de mes facultés physiques mais bon, vu mon état de toute façon je ne pourrais pas faire grand chose. Alors me voilà, à errer comme un fantôme entre les diverses parties du Pavillon du soleil sans parler à grand monde. Oh bien sûr il y a toujours Andha, toujours aussi inquiet pour moi mais de toute façon ça ne changera rien, je n’arrive pas à dormir, c’est un fait. Il m’a même proposé des somnifères, est-ce que je réussirais vraiment à dormir avec ces trucs? Allez savoir… Alors je carbure à la caféine et à toute boisson énergisante qui peut m’aider un tant soit peu à ne pas avoir l’air d’un zombie.

Comme toujours, j’ai fini par me lever tôt ce matin, à défaut de pouvoir dormir. Comme tout le monde est encore couché, excepté sans doute ces satanés vampires, j’en ai profité pour prendre l’air dehors, le brise fraîche du matin m’aide à me sentir un peu plus éveillé, même si au final, je sens bien que mon corps lui est épuisé, sans parler de mon état psychologique mais peu importe. La journée se passe tranquillement et je passe la plupart de mon temps seul, soit dans ma chambre, soit dans une de mes cachettes, j’évite autant que possible les autres. L’après-midi arrive, allongé sur le canapé du salon, je profite du calme. Le temps semble au beau fixe aujourd’hui alors la plupart des élèves profitent du soleil dehors ou en ville, me laissant seul au Pavillon du soleil. J’en profite pour me reposer un peu, même si ça ne m’aide pas vraiment. Au final, je me contente de fixer le plafond, rêvassant simplement, quand j’entends des pas puis quelqu’un s’asseoir dans un des fauteuils du salon, sans avoir remarqué ma présence apparemment. Bien, comme ça je peux rester tranquillement dans mon fauteuil. Lassé de cette position, je me redresse en position assise, sortant de ma poche cette photo qui ne me quitte jamais. Une photo de mon frère et moi, tous deux souriants sur cette photo.

-Tu me manques Shori…, je murmure simplement.

Mais apparemment la personne assise dans le fauteuil a dû m’entendre, je ne m’en soucie guère au début, pensant simplement qu’elle s’en va avant de sentir une main ébouriffer mes cheveux avant de voir une jeune fille de mon âge apparaître devant moi. Nanami. Je la connais bien, même si comme avec les autres, je reste quand même distant. Je range aussitôt la photo dans ma poche, gardant une expression neutre en lui répondant.

-En même temps je ne suis pas très difficile à trouver…, je réponds simplement.

Ce n’est pas comme si je passais mon temps ici ces derniers jours...


    ‘’ On se croise souvent Ogawa. ‘’ ."»    .